Le militant nationaliste Ahmed Bouchaïb, l'un des membres du Groupe des 22, est décédé, hier à Oran, à l'âge de 94 ans. Engagé dans le mouvement indépendantiste dans l'Oranie dès son jeune âge, le défunt était très actif au sein de l'Organisation paramilitaire, l'OS. Lorsque le chef de l'OS de l'époque, Hocine Aït Ahmed, avait organisé l'attaque contre la poste d'Oran, Bouchaïb faisait partie du commando. Depuis cet attentat et comme bon nombre de militants de l'OS, Ahmed Bouchaïb fut activement recherché par la police coloniale. Il se réfugia à Bouinan, dans la Mitidja, avec Souidani Boudjemaâ. Quand la crise éclate au sein de PPA-MTLD entre messalistes et centralistes, Bouchaïb fait le choix de la neutralité. Partisan du passage à l'action armée. Lorsque les premiers contacts ont été engagés pour la réunion qui allait devenir le Groupe des 22, il avait conditionné sa participation par le choix de l'option de passer à l'action armée. Il avait exigé aussi la présence de Mohamed Boudiaf. Il participa à cette réunion historique en tant que représentant de l'Oranie. Après la réunion du Clos Salembier, il avait été chargé de faire campagne dans l'Oranie. Très proche de Mohamed Boudiaf durant la Guerre de libération, le destin a fait que c'est lui qui a conduit la commission d'enquête sur l'assassinat, en 1992, de celui qu'il a toujours considéré comme étant le chef de la Guerre de libération nationale. Une semaine après l'ignoble assassinat du président du Haut-Comité d'Etat, le pouvoir avait choisi Belhocine Mabrouk, Ahmed Bouchaïb, M'hamed Ferhat, Youcef Fathallah, Kamel Rezag Bara et Allel Thaaliby pour mener une enquête sur cet acte. Le maquisard de l'Oranie, Ahmed Bouchaïb, présida cette commission qui avait conclu à un acte isolé. Deux décennies après la liquidation en live du chef de la révolution à Annaba, la vérité n'est pas encore connue. Ahmed Bouchaïb a rejoint son ami intime sans avoir élucidé ce crime. Peut-être qu'il détenait quelques vérités qu'il a emportées avec lui. Il était, jusqu'à avant-hier, l'un des derniers survivants du Groupe des 22 qui avait préparé, il y a 58 ans, le déclenchement de la lutte armée. Avec sa disparition, c'est un autre témoin de cette période charnière de l'histoire de l'Algérie qui s'en va. Ahmed Bouchaïb sera inhumé aujourd'hui dans sa ville natale de Aïn Témouchent.