A chaque nouvelle échéance électorale, le même synopsis d'un film en boucle devenu un classique dans le genre s'invite dans le débat. Le décor préélectoral est invariablement le même. On commence par apporter des retouches aux lois ayant un lien avec le vote (loi électorale, loi sur les partis…) dans un climat fortement controversé où l'opposition s'est toujours fait fort de dénoncer la fraude électorale annoncée présentée comme une seconde nature du système politique algérienne. La nouveauté dans les prochaines élections législatives – qui vont se tenir dans un contexte géopolitique régional particulier avec l'arrivée des islamistes au pouvoir en Libye, Tunisie, Maroc, Egypte – est le basculement dans l'opposition pure et dure du courant islamiste légal, le parti Hamas, partenaire dans l'Alliance présidentielle, et les autres mouvements islamistes et apparentés en quête de légitimation politique. Comme à chaque fois en pareille occasion, la scène politique est également marquée par une absence totale de visibilité, de doute, de questionnement des acteurs politiques, le tout avec un air de déjà entendu. Quand on analyse le discours politique tant du pouvoir que des formations politiques on a, en effet, la nette conviction que rien n'a changé dans les mœurs de la classe politique. Et que l'Algérie n'arrive pas à se débarrasser de ses lourdes chaînes qui font d'elle, désormais, la dernière nation dans la région en matière de pratique démocratique, alors qu'elle en a été le précurseur tant envié par les peuples du Maghreb. Le temps s'est en effet figé depuis les dernières consultations électorales où l'on avait assisté, tour à tour, à la même parodie électorale sur fond de promesses non tenues par le pouvoir d'organiser des élections libres et transparentes, au même suspense quant à la participation ou non au scrutin de certaines formations politiques et à l'annonce du boycottage du scrutin par d'autres partis. Les mêmes accusations de fraude annoncée, de délimitation à l'avance de quotas de sièges à la future Assemblée nationale fusent du côté de l'opposition. Dans cette phase préélectorale, l'opinion nationale a eu droit, cette fois-ci également, aux mêmes inquiétudes avec l'éternelle revendication de la présence des observateurs étrangers et de la surveillance des opérations de vote pour prévenir la fraude. Côté partis, les formations déjà entrées en campagne électorale avant la lettre remettent au goût du jour les mêmes promesses électorales où, parfois, le délire se le dispute à l'irrationalité en termes de promesses électorales s'engageant à faire de l'Algérie un paradis sur terre au cas où ils parviendraient au pouvoir. Et pour compléter ce tableau de bord électoral qui reflète l'image d'une Algérie évoluant hors temps et déconnectée des grands enjeux qui interpellent notre région et le monde en général, les capitales occidentales nous resservent déjà les déclarations rituelles de bonnes intentions en attendant le quitus final exprimant leur souhait de voir l'Algérie s'engager dans la voie de la concrétisation des réformes politiques promises. Ce plat sans saveur de la cuisine électorale imposée aux Algériens est perçu par beaucoup comme le meilleur coupe-faim pour démobiliser l'électorat et renforcer le camp des abstentionnistes. Et ce ne sont pas les SMS du ministère de l'Intérieur appelant les citoyens à exercer leur droit civique et politique de vote qui pourraient réconcilier les Algériens avec les urnes !