Le problème de l'enlèvement et du tri des ordures se pose avec acuité à Touggourt, à l'instar de la plupart des villes algériennes, car une grande partie du périmètre urbain est envahie par les déchets ménagers et les eaux usées. La gestion et le traitement des déchets et globalement, la prise en compte de l'aspect environnemental restent les points faibles des pouvoirs publics, que ce soit au niveau local ou même au niveau régional. La wilaya de Ouargla, qui compte plus de 600 000 habitants, produit en moyenne 270 tonnes de déchets ménagers par jour, ce qui équivaut à plus de 70 000 tonnes par an. A Touggourt, cette quantité dépasse les 30 000 tonnes par an, sans oublier les restes de chantiers ainsi que les déchets hospitaliers et ceux générés par les marchés dont l'effet négatif sur la santé humaine n'est pas à négliger. Ville en chantier, Touggourt connaît également un autre problème, celui de la remontée des eaux usées et des émanations d'odeurs nauséabondes donnant naissance à une invasion de mouches et de moustiques, et ce, en dépit des travaux liés à l'assainissement existant dans presque tous les quartiers. Certains quartiers sont menacés par des étangs d'eaux chaudes et salines en irruption. Les déchets ménagers non protégés sont acheminés dans des camions jusqu'à la décharge sauvage et incontrôlée située à quelques kilomètres de Touggourt, sur la route d'El Oued. Ce dépotoir à ciel ouvert où l'incinération se fait à l'air libre, provoquant des fumées nuisibles à l'environnement et à la santé porte atteinte à la santé humaine et au trafic routier. Bien que ceux-ci sont considérés comme une part normale et inévitable du processus de production et de consommation, les déchets sont potentiellement nocifs pour l'environnement et le développement socio-économique. Leur élimination s'effectue par la mise en décharge non contrôlée et l'incinération à l'air libre pouvant conduire des catastrophes à la fois écologiques et économiques ainsi que sociales. Leur production en quantités très importantes pose un grand défi en matière de gestion et de traitement et demande beaucoup de moyens à mobiliser pour le développement de la région. Touggourt, qui est une ville moyenne en vertu des normes officielles de classification des agglomérations urbaines, connaît un rythme de croissance exponentiel, ce qui pose un problème d'organisation et de gestion du milieu urbain. Les solutions existantes ne peuvent être uniformes, dans la mesure où chacune doit être adaptée au contexte socio-économique local afin d'obtenir les résultats escomptés. La gestion efficace des déchets est un objectif très difficile à atteindre en raison de l'insuffisance de moyens et des modes traditionnels utilisés pour prendre en charge ce service. Malgré le lancement de plusieurs projets de décharges contrôlées, la gestion des déchets, toutes catégories confondues (ordures ménagères, déchets hospitaliers, matériaux de construction, commerce informel…) se résume tout simplement à la collecte et l'évacuation des déchets vers un lieu extra-muros. Les services concernés ne disposent d'aucun mécanisme structuré de recyclage, de traitement et de valorisation. La situation est préoccupante, car les ordures ménagères gagnent du terrain et n'épargnent plus aucun espace. Le volume de ces ordures se mesure par rapport à la croissance démographique, et plus le nombre d'habitants est important, plus les amoncellements prennent du volume. Certes, l'incivisme des citoyens est à l'origine de cette catastrophe écologique déplorable, mais aussi le peu d'intérêt que lui portent les pouvoirs publics est tout simplement intolérable. Telle est la situation prévalant dans la région de l'Oued Righ au moment où l'on s'apprête à déclencher des campagnes de sensibilisation et d'éducation environnementale pour la protection de l'environnement, comme celle organisée cette semaine à Touggourt par le Conservatoire national des formations à l'environnement CNFE. Des campagnes sans effet notable sur la population qui s'en désintéresse et se détourne, car entre la réalité du terrain et le discours de ce genre de campagnes, l'écart est trop grand.