Les réunions de la 18e session ordinaire du conseil exécutif (ministres des Affaires étrangères) de l'Union africaine (UA) ont débuté hier à Addis-Abeba, en Ethiopie, en présence de Abdelkader Messahel, ministre algérien délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines. Les ministres des Affaires étrangères de l'UA et les représentants des pays membres débattront des différents rapports issus des réunions ministérielles organisées par la commission de l'UA durant les six derniers mois. Les réunions du conseil exécutif porteront également sur les rapports de certains organes relevant de l'UA dont la commission des droits de l'homme et des peuples et la Cour africaine des droits de l'homme. Ce sera aussi, pour les participants, l'occasion d'aborder les questions sécuritaires, notamment dans la région du Sahel, lourdement touchée par le terrorisme. Au groupe d'Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) s'ajoutent les Shebab somalien mais surtout le groupe terroriste nigérian Boko Haram, qui se serait affilié aux deux organisations citées, et qui a intensifié ses actions dernièrement. Le rapport d'une mission de l'ONU chargée d'évaluer l'impact de la crise libyenne au Sahel, publié hier, évoque la menace que fait peser sur la région le groupe islamiste Boko Haram, et les liens que ce groupe a tissés avec AQMI. Selon le rapport, les membres de la mission «ont appris que Boko Haram avait noué des liens avec AQMI et que certains de ses membres du Nigeria et du Tchad avaient été formés dans les camps d'AQMI au Mali pendant l'été 2011». Sept membres de Boko Haram ont ainsi été arrêtés au Niger alors qu'ils se rendaient au Mali, en possession de documents sur la fabrication d'explosifs, de tracts et de coordonnées de membres d'AQMI, explique le rapport. Ce dernier recense de nombreux exemples d'augmentation des activités terroristes et de crime organisé au Sahel depuis la crise libyenne et prône une coopération régionale et internationale accrue. Afflux d'armes de Libye La mission, placée sous l'autorité du représentant spécial de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit, s'est rendue sur place en décembre. Ses interlocuteurs «ont souligné que la lutte contre le terrorisme devait passer par une action globale et régionale du fait de l'extrême mobilité d'AQMI dans toute la région». Le rapport signale aussi la saisie de 645 kilos de Semtex, un puissant explosif, et de 445 détonateurs lors de l'interception d'un convoi au Niger. Selon les autorités nigériennes, ils étaient destinés à des camps d'AQMI dans le nord du Mali. «Cette saisie semble indiquer que des groupes terroristes achètent des armes et des explosifs provenant des stocks de l'armée libyenne», souligne le rapport. Réunis mardi à Nouakchott, en présence de représentants du Nigeria conviés à cette réunion, les ministres des Affaires étrangères de quatre pays sahéliens (Mauritanie, Mali, Niger, Algérie) avaient dénoncé une «connexion avérée» entre les groupes actifs au Sahel. Le 13 novembre dernier, Abdelkader Messahel, révélait déjà détenir des renseignements concernant une fusion entre AQMI et Boko Haram. Une révélation qui vient confirmer les déclarations d'un haut responsable américain, M. Benjamin, chargé de la lutte antiterroriste, qui annonçait, en août dernier, l'existence d'une grande fusion entre trois organisations terroristes agissant dans le contient africain, Al Qaîda au Maghreb, Boko Haram au Nigeria et les Shebab somaliens, précisant déjà que le conflit en Libye profitait grandement aux organismes terroristes dans la région du Sahel. Ainsi, la Libye devrait prochainement prendre part aux réunions des pays du champ sur la lutte antiterroriste et se joindre donc à l'Algérie, la Mauritanie, le Mali et le Niger, selon le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères, M. Belani.