Le Mouvement des droits et libertés apprend avec indignation le harcèlement dont fait l'objet le journal El Watan. La CNAS vient de lui réclamer 22 milliards de centimes de cotisations sociales de collaborateurs et pigistes au titre d'une période de cinq années (2005/2011). La direction d'El Watan considère que cette réclamation est «aussi faramineuse que fantaisiste». Cette mesure appelle plusieurs remarques. Elle survient dans une conjoncture politique particulièrement délicate, caractérisée par un détournement des exigences de réformes au profit d'une nouvelle mainmise du pouvoir sur le processus de légitimation institutionnel. Il vient de camper le paysage post-réformes. Les «réformes» de lois votées au pas de charge par une institution parlementaire asservie rognent les derniers espaces de liberté arrachés par la révolte d'Octobre 1988. L'approche des élections législatives motive un raidissement autoritaire contre un espace – El Watan – qui échappe à la pensée unique. Le pouvoir n'est pas à sa première instrumentalisation de l'administration. Après celle de la publicité, des impôts et de l'impression, voici venue l'heure de la CNAS. A l'abri du chantage à l'imprimerie, El Watan – il en possède une – ne peut être attaqué que par un autre, en l'occurrence celui des charges sociales. El Watan, dont la réputation nationale et internationale fait la fierté de la profession et de l'Algérie, est sans doute l'objet d'une cabale qui vise à le faire taire. Le Mouvement des droits et libertés, qui a fait de la défense des droits fondamentaux son credo, exige des pouvoirs publics la cessation du harcèlement d'une corporation qui participe grandement à consolider la démocratie. Le MDL exprime son entière solidarité au journal El Watan. Alger, le 26 janvier1012. Les porte-parole : Ali Brahimi, Tarik Mira, Hamid Ouazar, Yasmina Si Abderrahmane.