Le dernier safar, du réalisateur Djamel Azizi, a été projeté mercredi dernier, à la séance de 17h, à la Cinémathèque d'Oran. Avant la projection, le cinéaste a tenu d'avertir le public : «Soyez indulgents, car ce film a été réalisé avec des moyens très restreints.» Toutefois, force est de reconnaître que ce réalisateur, au talent avéré, a réussi le tour de force, malgré tout, à insuffler une âme à son œuvre, même si on y décèle, ici et là, quelques imperfections dues le plus souvent au manque de moyens techniques. Interprété par Mourad Kiat, Nabil Haïdi, Mohamed Chergui, Abdelkrim Larbaoui, Mohamed Beyaza, ce film raconte l'histoire de Amou Salah, vieux projectionniste dans une salle de cinéma d'Alger. Cinéphile convaincu, nostalgique d'une époque, pas si lointaine, quand toutes les salles obscures du pays étaient opérationnelles et bondées, il décide alors, tel un Père Noël, de sillonner les routes d'Algérie, avec dans sa «hotte» des films destinés à un public de fortune, celui qui traîne dans les rues, et dont le passe-temps n'est hélas plus de voir un bon film avec d'autres spectateurs dans une salle obscure, salles du reste, bien souvent inexistantes, délaissées, ou fermées dans la majorité de nos villes et villages. Son amour pour le septième art le poussera ainsi, malgré son âge et sa barbe blanche, à tenter tous les moyens afin de raviver, chez les gens, la culture de visionner un film ensemble, et non plus seul, pathétique, devant son écran d'ordinateur ou devant la télé. A travers cet itinéraire, qui le mènera aussi bien en Kabylie qu'au fin fond du Sahara, le spectateur aura droit à maintes cartes postales d'une Algérie positive, féerique, où malgré la dure réalité de la vie, l'espoir continue d'exister. Ainsi, dans un bourg perdu de l'Est, dépourvu de grande place à même d'accueillir la projection en plein air, Amou Salah se rendra compte que le seul mur assez grand sur lequel le film pourra être projeté est celui de la grande mosquée. L'imam lui concédera cette autorisation, lançant ainsi, au passage, un pied de nez aux extrémistes religieux, pour qui le septième art est un art à bannir…