La nouvelle grille des salaires des journalistes des entreprises de presse du secteur public, élaborée par une commission nationale composée de représentants des différents organes d'information, de la presse écrite et audiovisuelle, aux côtés de ceux de la tutelle, le ministère de la Communication, et de la Caisse de sécurité sociale, fait déjà l'objet de vives contestations avant même sa mise en application. Des journalistes de la radio et de la télévision ont observé, jeudi, un sit-in au boulevard des Martyrs pour exprimer leur mécontentement et leur rejet de la nouvelle grille des salaires. Dans un entretien au journal électronique TSA (Tout sur l'Algérie) le directeur général de la radio, Toufik Kheladi, a révélé le détail des revalorisations salariales introduites au profit des différentes catégories de journalistes, annonçant des augmentations substantielles de plus de 50% par rapport aux salaires actuels. En fonction de l'ancienneté et de l'évolution de la carrière professionnelle, le nouveau salaire net des journalistes de la presse publique oscillera entre 54 000 DA pour un rédacteur stagiaire (60 000 DA après confirmation) et 140 000 DA pour un éditorialiste. Les journalistes de la radio et de l'ENTV qui contestent la nouvelle grille des salaires réclament, selon le DG de la radio, un salaire de base à 75 000 DA pour un journaliste débutant. Si nul ne peut contester le fait que les journalistes du secteur public sont sous-rémunérés, pour la majorité d'entre eux, par rapport à leurs confrères du secteur privé qui ont cette latitude de négocier leurs compétences et, par conséquent, leurs salaires et autres privilèges éventuels avec leurs employeurs, en revanche, ces augmentations de salaires décidées par les pouvoirs publics au profit des journalistes de la presse publique ne manqueront sans doute pas de faire jaser tous les cadres du secteur public – ingénieurs, universitaires, médecins et autres fonctionnaires émargeant au niveau de la Fonction publique – qui ont, pour leur part, toutes les peines du monde à faire valoir leurs revendications salariales, sources de grèves et de conflits sociaux quasi permanents. Ce sentiment discriminatoire est ressenti même de l'intérieur des entreprises de presse étatiques. Les autres catégories professionnelles exclues du bénéfice de la nouvelle grille des salaires, qui concerne uniquement les journalistes, commencent déjà à s'agiter et à réclamer leur part du gâteau. Telle qu'elle est déclinée avec les récentes revalorisations substantielles qui ont touché certains secteurs spécifiques, tels que le corps de la police et, cette fois-ci, les journalistes du secteur public, beaucoup se demandent à quel dessein obéit cette générosité dont font montre les pouvoirs publics à l'endroit de ces corporations, qui jouissent, selon toute apparence, d'un régime spécifique qui ne dit pas son nom. Le contexte politique délicat qui est celui de l'Algérie autorise toutes les lectures et interrogations. Comme celle de se demander si toute cette agitation autour de la nouvelle grille des salaires des journalistes du secteur public ne viserait-elle pas, en fait, à faire disparaître les journaux de la presse privée qui n'ont pas l'aisance financière des médias publics pour pouvoir aligner les salaires de leurs personnels sur leurs confrères du secteur public.