L'Algérie est le premier consommateur de lait au Maghreb, avec un marché annuel estimé à plus de 1,7 milliard de litres, un taux de croissance de 8% et une consommation moyenne de l'ordre de 100 à 110 l/habitant/an. Cette consommation augmente encore régulièrement et devrait atteindre au moins 115 litres par habitant et par an en 2010. Le volume de la collecte quant à lui ne cesse de régresser et de manière significative, (-18%) pour atteindre le niveau de 107 millions de litres, soit un taux de collecte de 10%, selon des statistiques du ministère de l'Agriculture et du Développement rural. C'est la raison pour laquelle les pouvoirs publics tentent de mettre en place des mesures incitatives pour améliorer la collecte de lait cru. Les contrats de performances font partie de cette nouvelle approche qui vise à augmenter la production à travers l'ensemble des wilayas du pays. Dans la wilaya d'El Tarf, à titre d'exemple , les producteurs de lait ont été conviés à augmenter les quantités livrées aux collecteurs afin d'optimiser la production des différents produits laitiers. Selon le directeur des services agricoles (DSA) de la même wilaya, la quantité généralement livrée est estimée à 3 millions de litres. Dans le cadre d'une campagne de sensibilisation des producteurs pour augmenter leurs livraisons, des femmes rurales ont été mises à contribution, employées pour notamment aider les collecteurs, équipés de moyens de conservation, à alimenter la laiterie de Besbes chargée de l'organisation des points de collecte et du transport, a indiqué le DSA. La campagne de sensibilisation porte également, selon le DSA, sur les nouvelles procédures de paiement, sur les subventions accordées par l'Office interprofessionnel du lait (ONIL), ainsi que sur les aides de l'Etat à la filière lait et à l'alimentation du cheptel. Le cheptel bovin de la wilaya d'El Tarf compte 42.000 vaches laitières, dont 1.600 de races importées ou croisées, exploitées par des éleveurs qui consacrent l'essentiel de la production à l'élevage des veaux ou à la consommation domestique, selon la DSA. Outre l'élevage bovin, la wilaya d'El Tarf compte également des cheptels ovin et caprin qui totalisent 100.000 têtes et produisent, en tout, 200.000 litres de lait par an. Selon le DSA, la production laitière ovine et caprine doit également être collectée pour être destinée à la production des fromages et autres dérivés. Cette sensibilisation autour de la nécessité d'améliorer la collecte de lait cru va se généraliser sur l'ensemble des wilayas, l'objectif étant de réduire la dépendance de la filière laitière de la poudre de lait, matière première dont les prix subissent des fluctuations sur les marchés internationaux. C'est en effet, un des points noirs de la filière laitière en Algérie. Celle-ci est tributaire du marché extérieur des matières premières. Et pour cause, le taux d'intégration du lait cru local demeure faible (10% à 15%). Ainsi la recombinaison de la poudre de lait importé constitue le processus de production dominant. L'intervention de l'Etat, afin d'éviter les pressions, s'est traduite par l'exonération de la TVA sur le lait pasteurisé conditionné en sachet, un prix administré, lequel est fixé par le ministère du Commerce, et la collecte de lait cru subventionné par le ministère de l'Agriculture. Et malgré cette subvention , les transformateurs préfèrent la poudre de lait que le lait cru, et ce pour des raisons multiples. Pour n'en citer que certaines d'entres elles, le prix de la poudre, à une époque était nettement inférieur à celui du lait cru. Ajoutons à cela , l'indisponibilité de quantités suffisantes et l'absence de circuits pour la collecte et la commercialisation de lait cru ont fait fuir les producteurs et transformateurs laitiers qui préfèrent s'approvisionner sur le marché extérieur. Dalila B.