Les constructions illicites, phénomène vécu comme une fatalité par les uns et comme source de dividendes par d'autres, ceinturent les quatre coins du chef-lieu de wilaya. A Souk Ahras, la majorité des nouvelles constructions privées donne un aspect hideux à la ville, dominée par le gris des immeubles semi-finis et les façades crasseuses des bâtiments de la quasi-totalité des cités dortoirs. Ces dernières ont eu le mérite d'absorber, des décennies durant, les mécontents de la politique sociale, mais n'ont pas réussi le pari de l'éradication de l'habitat précaire et des bidonvilles, encore moins celui d'adapter les contingents de familles rurales, encouragées à s'agglutiner autour des quartiers de la périphérie, à la vie en milieu urbain. On cultive l'ail, l'ognon et la pomme de terre, tout près de chez soi, notamment du côté des cités de la sphère sud de la ville. À Bendada et Berrel Salah, des baraques abritent des vaches, des chèvres et des moutons sans qu'aucun des voisins ne s'en offusque parce que lui-même est quelque part en infraction. On y trouve des surélévations érigées illicitement par les attributaires des logements ruraux et RHP ; des appartements transformés en lieux d'activités informelles ou en garages ; des passages pour piétons, des ruelles et des escaliers qui disparaissent comme par enchantement et des espaces verts annexés aux nouvelles bâtisses avec la bénédiction de ceux qui détiennent les outils dissuasifs parmi les élus et autres responsables. À Djenène Teffeh les trottoirs ont disparu à la faveur des extensions anarchiques menées sans vergogne par les tenants du « c'est maintenant ou jamais ». C'est justement dans cette cité où les listes des personnes non respectueuses des lois s'avèrent des plus révélatrices. À la rue du Maroc, une meute de chiens, dont le nombre dépasse la trentaine, sème la panique et menace enfants et vieillards, du matin au soir. L'abattage de ces animaux se fait attendre alors que les services concernés parlent de centaines de morsures/an. Les constructions illicites, phénomène vécu comme une fatalité par les uns et comme source de dividendes par d'autres, ceinturent les quatre coins du chef-lieu de wilaya. Encore du béton au prestigieux quartier Clair-soleil, des kiosques en tôle ondulée ou en toile cirée qui poussent comme des champignons ; des murs de soutènement, de construction récente totalement effondrés ; des immeubles aux couleurs fades et d'autres sans âme. Le tout confirme que la ville de Souk Ahras se meurt par l'effet d'une mutation brusque.