La presse syrienne a accusé, hier, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, d'instrumentaliser la crise en Syrie à des fins électorales. M. Juppé «a voulu mettre la crise en Syrie à l'agenda de la présidentielle française pour servir les intérêts de Sarkozy», écrit le quotidien privé Al Watan (syrien), proche du pouvoir. Le quotidien a accusé le chef de la diplomatie française de courtiser le riche émirat du Qatar, principal acteur arabe sur le dossier syrien, en vue de financer la campagne du président français. M. Juppé «tente d'attirer le gaz qatari vers le gazoduc sarkozien», poursuit le journal. La France est l'un des principaux pays qui tentent de faire passer au Conseil de sécurité de l'ONU une résolution appelant au départ du président Bachar Al Assad, confronté depuis 10 mois à une révolte matée dans le sang. M. Juppé, qui cherche tous les prétextes pour justifier une ingérence, avait accusé mercredi le régime syrien de s'être rendu coupable de «crimes contre l'humanité», et avait affirmé, en outre, qu'il y aurait «peut-être dans le courant de la semaine prochaine» un vote au Conseil de sécurité sur un projet de résolution sur la Syrie. La crise syrienne, dont la répression a fait au moins 6000 morts, selon des organisations des droits de l'homme, s'est muée en conflit armé entre une «guérilla» forte de milliers de déserteurs et un régime déterminé à mater la révolte, éclipsant les images des manifestations pacifiques des premiers mois de la contestation.