Le président de l'Autorité palestinienne s'est conformé strictement à la loi fondamentale qui fait office de constitution palestinienne depuis 1996, en recevant les dirigeants du parti vainqueur des élections législatives du 25 janvier dernier qu'il a chargés de constituer le nouveau gouvernement. La rencontre de samedi à Ghaza entre le président Mahmoud Abbas et les dirigeants du mouvement Hamas, première du genre, a en outre élaboré un programme pour les semaines à venir. Les deux parties sont en effet tombées d'accord pour que le Hamas choisisse le candidat au poste de Premier ministre auquel le nouveau Parlement devra donner son investiture dans les cinq semaines qui suivent sa réunion inaugurale, le 16 février. « Il ne fait aucun doute que le Hamas sera chargé de choisir le prochain Premier ministre », a déclaré, après la rencontre, le porte-parole de M. Abbas, Nabil Abou Roudeïna. Il a rappelé que, selon la loi, le chef du gouvernement pressenti disposera d'un délai de cinq semaines maximum pour obtenir l'investiture du Parlement, à compter du 16 février. Il a souligné que lors de l'entretien, « le président Abbas a réaffirmé que le prochain gouvernement doit honorer les accords passés » par l'Autorité palestinienne. « Nous nous sommes mis d'accord avec le Président pour tenir la première réunion du Conseil législatif (Parlement) le 16 février », a déclaré pour sa part le numéro un de la liste du Hamas, Ismaïl Haniyeh. Il a indiqué qu'au cours de cette réunion, un nouveau président du Parlement serait élu et que commenceraient les consultations en vue de la formation d'un gouvernement sous la direction du Hamas. Ce ne sont là que de simples évidences sans contenu politique, car le Hamas est vivement interpellé sur son programme, y compris par le président de l'Autorité palestinienne qui entend réaffirmer son rôle de garant de la continuité, et par voie de conséquence des engagements auxquels les Palestiniens ont souscrit. Et ce point a été indirectement abordé par l'autre dirigeant du Hamas, Mahmoud Zahar, qui participait à l'entrevue, en réaffirmant que son mouvement ne « reconnaîtrait pas l'ennemi israélien ». Là, la partie devient un peu plus serrée, avec des allusions et des non-dits. « On ne nous a pas imposé de conditions et nous n'en accepterons pas », a ainsi ajouté ce dirigeant en allusion à l'entretien avec M. Abbas. Reconnaître pourtant les engagements internationaux, c'est reconnaître l'autre partie contractante, Israël bien entendu qui a refusé de reconnaître quant à lui cette qualité à tous les Palestiniens pour avoir recouru à des actions unilatérales, marginalisé l'Autorité palestinienne, et refusé de relancer les négociations. A vrai dire, ce débat entre Palestiniens est entouré de très fortes spéculations, avec à la clé un bras de fer entre l'Autorité palestinienne et son futur gouvernement, tout cela dans un contexte international fait de pressions multiformes sur les Palestiniens menacés de famine pour avoir choisi le Hamas, et si jamais celui-ci venait à rompre une chaîne qui a cessé d'exister du fait des seuls Israéliens. En ce sens, Mahmoud Abbas a réitéré vendredi dernier qu'il estimait que le nouveau gouvernement devrait respecter les accords déjà signés par l'Autorité palestinienne. Le même jour, le Conseil de sécurité des Nations unies déclarait que le prochain cabinet palestinien devrait s'engager sur la voie d'un règlement pacifique du conflit israélo-palestinien. Ces accords comprennent notamment l'engagement à respecter la Feuille de route, le dernier plan de paix actuellement au point mort, qui prévoit la création à terme d'un Etat palestinien indépendant aux côtés d'Israël. En théorie qui reposait sur l'engagement de création d'un Etat palestinien en 2005 a perdu sa validité et sa crédibilité pour n'avoir tenu aucune de ses promesses. Du fait également de la politique israélienne et de la faiblesse du Quartette qui l'exhume quand lui seul décide opportun de le faire. Et il semble maladroit que l'instance onusienne exhibe ce qui n'est rien d'autre qu'un cadavre sans au préalable rappeler ses obligations à Israël, l'autre partie contractante. Ce plan de paix, élaboré principalement par les Etats-Unis, et l'Union européenne et endossé par la Russie et l'ONU, prévoit en préalable le démantèlement des groupes armés palestiniens, la cessation des actes de violence et le gel de la colonisation israélienne. L'autre fait majeur devrait normalement avoir lieu aujourd'hui en Egypte, où les deux interlocuteurs du président palestinien devaient rencontrer Khaled Mechaâl, chef du bureau politique du Hamas. Mais il pourrait ne pas avoir lieu après une attaque aérienne israélienne (voir ci-contre). Quoi qu'il en soit, les dirigeants de ce mouvement savent qu'ils disposent d'une marge de manœuvre particulièrement étroite. Mais apparemment, entendent tout négocier point par point. Jusque-là, ils ont fait preuve de beaucoup d'intelligence, le pas le plus important étant la participation de Hamas à des élections pour une institution née du processus de paix d'Oslo qu'il refusait de reconnaître. Une politique des petits pas en fait, mais jusqu'où ?