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Malika Mokkedem. Ecrivaine : «Une écriture, pour moi, c'est deux années au minimum»
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Publié dans El Watan le 05 - 02 - 2012

Rencontrée lors de la vente-dédicace de son dernier roman, La désirante, à la librairie du Tiers-monde à Alger, l'écrivaine Malika Mokkedem revient sur la thématique de son dernier-né.
-Shamsa, la narratrice, cette fille du désert sauvée d'une tempête de sable par les sœurs blanches, entraîne le lecteur dans une aventure au bout des frontières…
Ce qui m'a intéressée à traiter à travers le personnage de Shamsa, c'est plutôt le thème de la disparition. Cette femme a été d'abord une enfant abandonnée par sa mère. Elle est sauvée d'une tempête de sable par les sœurs blanches de l'orphelinat de Messerghine. Elle est élevée dans une société totalement différente de la sienne, à laquelle elle ne pouvait pas s'identifier. Pour éprouver le manque de parents, il faut d'abord avoir bénéficié de leur présence et de leur amour. Et ce n'était pas son cas. Elle était comme une funambule, quelqu'un qui a fulminé toute sa vie, comme au-dessus d'un abîme énorme, qui est celui de ses origines.
Par exemple, pendant qu'elle était journaliste d'investigation, dans les années 1990 en Algérie, alors que ses collègues allaient sur le terrain pour enquêter sur les assassinats, elle enquêtait spécialement sur les disparitions. Quand elle rencontrait des frères ou des pères qui venaient annoncer la disparition d'un des leurs, elle les scrutait. En fait, ce qu'elle aurait aimé faire inconsciemment, c'était d'éprouver ce qu'ils pouvaient ressentir. Parce qu'elle voyait la détresse dans leur regard. C'était quelque chose qui lui était étranger et qui l'a subjuguée.
Mais en fait, elle aurait aimé éprouver cette disparition et parce que ce sentiment-là, cet abîme-là n'avait pas de substrat sur lequel elle se fixait, il fallait qu'elle parte d'Algérie, qu'elle s'éloigne de toute son histoire pour aimer enfin quelqu'un et à sa disparition, au moment où elle connaît la douleur de la disparition, elle part pour faire une enquête parce qu'elle ne veut pas admettre que l'homme qu'elle aime a disparu pour toujours. Il y a une faille qui se fait dans sa carapace, et peu à peu elle peut mettre des mots sur l'autre disparition et évoquer une mère et reconnaître que cette mère ne l'a pas tuée et qu'elle a écrit, «elle est née dans la nuit, sauvez-là». Elle peut mettre des mots sur quelque chose d'inexistant, sur une perte irrémédiable.
-Cette disparition est un prétexte pour le personnage principal de raviver des souvenirs irrévocables à jamais…
Cette double disparition pour moi était effectivement un prétexte pour évoquer tout un contexte géopolitique du bassin de la Méditerranée. Ce n'est pas pour rien que le grand marin en question, à savoir Léo, disparaît dans cet espace de la Méditerranée entre le sud de l'Italie, la Tunisie, la Libye et l'Algérie. Les hommes qu'elle voit sur ces rochers noirs volcaniques de Montéléria italienne et toutes ces disparitions en mer des harraga.
-Justement, c'est un clin d'œil en direction de tous ces harraga qui décident de fuir leur pays d'origine pour l'eden…
Ce n'est pas un clin d'œil, mais c'est une triste réalité. Ce sont des disparitions dont elle prend conscience, et c'est une chose que j'ai connue. J'ai navigué moi-même là-bas et c'est quelque chose de très douloureux d'arriver sur un voilier porté par les vents et que je pouvais partir quand je voulais pour voir ces rochers noirs, ces hommes bronzés qui avaient l'air désemparés. C'est un sentiment assez terrible et je me disais pourquoi moi et pas eux. Je me disais ‘‘pourquoi moi je suis libre de naviguer comme je le veux et que je peux partir, alors qu'eux étaient là, comme de grands oiseaux blessés, empêchés de partir''. C'est cette réalité de nos jours. En fait, je fais dire à Shemsa que lorsqu'on passe par le détroit de Messine, entre l'Italie et la Sicile, elle a l'impression que Charybde (tourbillon) et Scylla (récif) sont la rive nord et la rive sud de la Méditerranée, où se noient beaucoup de jeunes en mal de vivre.
-Vous avez opté, dès le départ, pour la construction d'une trame solide où alternent des chapitres consacrés à l'enquête…
La forme de l'enquête m'est apparue comme la réponse la plus efficace pour traiter de ces disparitions. La disparition de l'homme aimé permet, en fait, d'évoquer toutes les autres dont celle de l'inconnue qu'est la mère de cette femme. Mon roman est découpé en chapitres, où l'enquête avance et où dans le chapitre suivant, c'est cette adresse à l'homme qu'elle aime qui permet de revenir sur la profondeur de ses sentiments, elle le fait exister, elle lui dit des choses et se dit des choses. Elle se découvre en découvrant l'absence en même temps.
L'enquête avance un peu, et c'est le retour vers cette absence qu'elle découvre et aussi comment petit à petit, alors que l'enquête avance, elle peut admettre, elle qui ne voulait pas entendre parler du mot famille. Elle était plutôt comme une sauvage en retrait de Léo, parce qu'elle ne pouvait pas rentrer dans ce qu'on appelle une famille et d'envisager être un membre d'une famille. Petit à petit, cette disparition va lui permettre de se laisser apprivoiser et gagner par cette empathie avec les autres d'abord et cet amour d'elle. La découverte de cet amour lui permet de s'aimer un peu, suffisamment pour dire «je vous aime» à d'autres et pour se laisser aimer par des gens, c'est-à-dire les parents de son amoureux.
-La désirante est un va-et- vient entre le passé et le présent…
Oui, c'est vrai, même dans l'enquête elle évoque son passé. Son passé est d'un tel vide, c'est soit de la violence, soit du vide. Elle avait besoin de le dire et le passé resurgit à chaque instant. Elle met des mots pour faire plaisir et se reconstruire.
-Au fil de la lecture, le lecteur se rend compte que votre texte est truffé de poésie…
C'est ce qu'on dit de mes écrits. En fait, mon écriture est comme cela. Je ne me vois pas écrire uniquement des poèmes. J'ai besoin de m'installer dans l'écriture pour longtemps, de savoir que je vais porter un texte et que c'est lui qui va me porter pendant des mois et des années, cela m'est absolument nécessaire. C'est ce qui fait mon quotidien. Et ce qu'on appelle la poésie, c'est peut-être la respiration de mon texte, quant à force de dire des choses difficiles ou du moins compliquées,
complexes, il y a cette poésie qui surgit. Et c'est la respiration des textes et la mienne, en fait.
-Après La désirante, avez-vous un autre projet d'écriture ?
J'avais commencé tout de suite après la publication de La désirante les dernières corrections d'un autre texte que j'ai arrêté, car la promotion d'un livre prend du temps. Je vais m'y remettre d'ici un mois. Une écriture pour moi, c'est deux années au minimum en y travaillant beaucoup.
-N'avez-vous pas songé à adapter certains romans au cinéma ?
Il y a eu plusieurs projets. Le premier a été pour Les hommes qui marchent. On a dit que cela serait un gros budget et puis, comme il traitait de la guerre d'Algérie, vous savez en France, cela soulève encore des problèmes parmi tant d'autres. Il y a même eu un projet pour mon roman L'interdite. J'avais même participé à l'écriture du scénario.
De la même façon, cela ne s'est pas fait car c'était au moment du terrorisme. Il y avait cette peur. Alors, croisez les doigts pour moi afin que cela se fasse un jour. Par ailleurs, je tiens à vous signaler que certaines fois, c'est moi qui ait refusé. C'est le cas pour Le siècle des sauterelles. Je considérais que le cinéaste n'était pas prêt. Je n'aimais pas sa démarche. Je suis aussi très jalouse de mes textes.Je ne ferai pas n'importe quoi. Je ne courrai pas non plus après cela. Si cela venait à arriver, ce serait un grand plaisir de faire un beau film.


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