La neige a continué, hier, à couper des villages entiers du reste de la wilaya et à remettre en cause, dans certaines régions, le travail de déneigement des engins de travaux publics. Un peu plus d'une centaine d'engins, dont 24 niveleuses, 4 chasse-neige et 59 chargeurs et rétrochargeurs, sont réquisitionnés pour les besoins de déneigement sur tout le territoire de la wilaya qui compte 1092 villages. Agnoune (Adekar), Aâzouzène et Imoula (M'cisna), Bouamrane, Allouane et Iaânanène (Barbacha) et quelques autres villages de Kendira, Beni Ksila, Chellata, Taourit Ighil,... sont demeurés sans aucun accès possible. On guette anxieusement l'arrivée des engins qui pourront leur ouvrir les portes et s'enquérir de leur situation. De leur côté, les autorités, qui sont toujours sans nouvelles d'eux, espèrent avoir signe de vie de leur part le temps que les niveleuses, qui sont à pied d'œuvre, puissent dégager la voie. La seule voie de communication possible demeure le téléphone cellulaire. Une quarantaine de villages, jusqu'à la fin de l'après-midi d'hier, était coupée du monde. L'absence d'électricité et de téléphone a accentué leur isolement. L'axe de la RN12, Adekar-Tizi Ouzou, n'est toujours pas déneigé. Le dernier chef-lieu de commune ouvert a été Beni Djellil, au sud de la wilaya. Tous les 14 villages de la commune d'Akfadou l'ont été aussi après des efforts d'ouverture de la route qui ont été souvent remis en cause par le retour du temps enneigé. Pour cause d'affaissement de terrain, le village Mezaoura n'est accessible que via Tifra. Le froid dans cette région est sibérien. La température qui est descendue en dessous de 0 °C, conjuguée au verglas, a gelé l'eau dans le réseau d'AEP. L'électricité, qui est revenue pendant un temps, a été coupée une nouvelle fois hier dans toute la commune, selon le président d'APC. Une pression sur le gaz butane est manifestée par les populations dont celle du village d'Imaghdasen qui culmine sur une altitude de 1300 m. Quelques difficultés pour s'approvisionner en bonbonnes de gaz sont apparues. Les camions de la commune sont revenus vides du centre Naftal de Béjaïa. « On nous a exigé la consigne », nous a affirmé Nacer Toutou, président de l'APC d'Akfadou. Qu'en est-il alors des facilitations décidées sur instructions du wali ? « C'est un problème d'épuisement du stock de bouteilles », nous explique-t-on au niveau du cabinet de la wilaya. On nous apprend que Naftal, dont les six équipes de production produisent 35 000 litres de gaz par jour, a distribué 8000 bonbonnes et s'est retrouvée de fait dans le besoin de reconstituer son stock. « Nous collectons les bouteilles vides auprès des habitants pour pouvoir être servis », nous dit M. Toutou. La formule engendre malheureusement du retard en plus de la pression des habitants dont les besoins en gaz et électricité se sont accrus en ces temps de froid. Sonelgaz, de son côte, qui tente de réparer ce qui reste des pannes sur le réseau de basse tension (Ighzer Amokrane, Akbou, Seddouk, Boudjellil, Semaoun...), doit faire face à la surconsommation en énergie électrique des foyers. En cette période de froid, les accidents domestiques sont aussi à craindre. Trois explosions de gaz ont eu lieu à Béjaïa, El Kseur et Sidi Aïch et ont fait trois brûlés. En tout, la Protection civile a évacué plus d'une vingtaine de blessés et une cinquantaine de malades comme il a été enregistré, au niveau des différents secteurs sanitaires, 20 cas de fractures selon les chiffres de la cellule de crise de la wilaya qui a mis ces deux numéros de téléphone (034 21.27.57 et 034 22.76.91) à la disposition des citoyens des régions touchées par les intempéries, mais surtout ceux des villages « sans voix ».