Dès l'annonce du décès, le 23 janvier dernier, du grand maître de la chanson kabyle, Chérif Kheddam, Djamila Addar, journaliste à Montréal pour le site berberes.com et ancienne de la Chaîne II, a remué ciel et terre pour que la communauté de la métropole canadienne organise un hommage digne de l'auteur-compositeur, ce poète dont les chansons ont accompagné plusieurs générations d'Algériens au pays et dans l'émigration. Montréal De notre correspondant Pour ce faire, elle s'est tournée vers son entourage et a puisé dans les archives que détiennent certains membres de la communauté. Ainsi, pour l'affiche de l'événement, Mohand Belmellat a utilisé une photo de Chérif Kheddam prise par Nazim Touati il y a une vingtaine d'années. Le Centre amazigh de Montréal (CAM) a pris en charge financièrement la soirée. Deux semaines plus tard, elle a réussi à mettre sur pied la veillée qui sied à la mémoire du défunt. Non sans émotion, elle nous a affirmé avoir connu personnellement Chérif Kheddam. Elle avait étudié à l'université et travaillé à la radio avec son fils, Salah. «J'ai eu l'occasion de le rencontrer plusieurs fois et de lui parler. C'était un homme humble et un artiste exceptionnel. Il représente pour moi le miroir de nos aspirations et la meilleure façon de dire notre amazighité. Il a fait vivre notre langue grâce à son talent et à ses mélodies», s'est remémorée celle qui s'est faite aider par Mekioussa Kebbab pour la décoration de la salle du centre communautaire «La jeunesse». Une autre preuve que les femmes sont les gardiennes de la culture amazighe. Celui qui a été révélé par la chanson Iles tmurtiw (La fille de mon pays) «nous a légué un immense héritage. De la façon de dire les choses jusqu'à celle de les chanter, car on peut exprimer un désaccord ou une joie d'une façon saine et intelligente. La culture amazighe a connu ses heures de gloire grâce au génie de cet homme humble et modeste. C'est un excellent modèle aux artistes, mais aussi un porte-voix de la vie d'un peuple…», a-t-elle expliqué. Nombreux Les membres de la communauté se sont déplacés en nombre, dans la soirée de samedi dernier, pour rendre hommage à celui dont «ils n'ont pas découvert le génie une fois mort». «Ils connaissaient son génie depuis le début», a rappelé Djamila Addar dans son intervention après la minute de silence. Un portrait de Chérif Kheddam trônait à gauche de la scène, entouré de bougies et de fleurs. Lhacène Ziani, fondateur du groupe Ideflawen, créé, rappelons-le, après avoir participé à une émission de radio de Chérif Kheddam dans les années 1970, a aussi tenu à rendre hommage à celui qui a joué un rôle déterminant dans sa carrière artistique. «Légende de son vivant et mythique pour toujours, l'éternel Chérif Kheddam a déteint sur au moins deux générations. Si le génie artistique est la facette la plus connue du maestro, l'homme et le militant n'ont jamais démérité», a-t-il dit. Il a précisé que Cherif Kheddam a innové dans la chanson kabyle. «Il a introduit les instruments orientaux et occidentaux sans dénaturer la musique kabyle», a ajouté Lhacène Ziani.