Le président de Ahd 54, Ali Fewzi Rebaine, rejette le débat sur la révision constitutionnelle qui offrirait un troisième mandat au président Bouteflika. Le débat bipolaire autour de cette question, mené par deux partis de l'Alliance présidentielle, en l'occurrence le FLN et le RND, n'aura, a-t-il affirmé, aucun sens s'il vise la reconduction pour un mandat supplémentaire de M. Bouteflika à la tête de l'Etat. « Nous ne sommes pas dans un royaume, il faut respecter le principe de l'alternance au pouvoir », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse, animée, hier, au siège de son parti, à Alger. Pour lui, les discussions seraient plus intéressantes si elles étaient orientées vers la problématique de la séparation des pouvoirs et l'instauration d'un Etat de droit. « Nous sommes prêts à engager un débat pour une révision de la Constitution, qui consacrera la séparation des pouvoirs, le respect des libertés et l'instauration d'un Etat de droit », a souligné Ali Fewzi Rebaine. Le candidat malheureux à la présidentielle d'avril 2004 a critiqué également la mauvaise gestion de la période de maladie et de convalescence du président de la République. L'absence d'informations sur l'état de santé actuel de M. Bouteflika laisse libre cours, selon lui, à la rumeur. En revanche, l'orateur a estimé qu'il n'y a pas actuellement une guerre de succession au sommet de l'Etat, sans plus de précisions. S'exprimant sur la politique du gouvernement, Ali Fewzi Rebaine s'est montré à la fois sceptique et critique. Les chiffres concernant l'habitat, la loi de finances 2006 et la réforme de la justice sont remis en cause par le premier responsable de Ahd 54. « Le ministre de l'Habitat a déclaré récemment que le programme visant la réalisation de un million de logements sera achevé en 2009. D'où est-ce qu'il a ramené ces chiffres. J'ai sillonné plusieurs wilayas et je n'ai vu aucun chantier en cours. Le gouvernement est en train de mentir à la population », a-t-il jugé. Ahd 54, souligne son président, soutient la revendication salariale des travailleurs et décline l'argument livré par le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia. « Les revendications salariales des travailleurs sont légitimes, d'autant que les caisses de l'Etat sont pleines. Les responsables de ce pays n'ont jamais vécu des fins de mois difficiles », a-t-il lancé. Le conférencier a plaidé aussi pour le respect des libertés syndicales. S'agissant de la loi anticorruption, qui a, rappelons-le, suscité un large débat durant les dernières semaines, Ali Fewzi Rebaine dira que « l'Algérie n'a pas besoin d'une multiplication des lois, mais il faut instaurer un Etat de droit où ces lois seront applicables pour tous ». Concernant les textes d'application de la charte pour la paix et la réconciliation, Ali Fewzi Rebaine a souligné : « Nous avons soutenu le projet sous réserve concernant les crimes contre l'humanité. La question qu'il faut se poser, c'est comment va réagir le pouvoir dans le cas où l'ONU s'oppose à l'impunité des responsables des dépassements. Les crimes contre l'humanité sont imprescriptibles. »