Le gaz butane se fait toujours rare dans la wilaya de Boumerdès. Hier encore, malgré le retour du beau temps, de nombreux habitants sont sortis dans la rue pour exprimer leur colère contre la persistance de la pénurie de certains produits de première nécessité, tels le gaz et le lait. La RN5 a été bloquée à hauteur de Tidjelabine durant plusieurs heures. Les manifestants dénoncent l'indifférence affichée par les responsables locaux concernant les difficultés qu'ils rencontrent pour acquérir une bonbonne de gaz. Ils se plaignent également de la spéculation qui se fait, selon eux, au su et au vu de autorités. «Où est l'Etat ? Les camionneurs nous revendent la bonbonne de gaz butane à 2000 DA», s'écrie un habitant du site de chalets. Cette action de protestation a provoqué d'immenses embouteillages sur les deux sens de la route qui relie le centre à l'est du pays. Les automobilistes ont été contraints de faire un détour via Corso pour rallier leurs destinations. «C'est inadmissible ! J'ai été bloqué pendant plus de 2 heures. Les manifestants doivent normalement s'adresser aux autorités, car ils feignent d'oublier que ce sont les passagers qui payent les frais de leur mécontentement», dit un automobiliste à bout de nerfs. A l'heure où nous mettons sous presse, aucun responsable n'a encore jugé utile de se rendre sur les lieux de la «manif» pour calmer les protestataires et rouvrir la route à la circulation. Les forces anti-émeute dépêchées pour disperser la foule n'ont rien pu faire pour rétablir l'ordre. Une autre action presque similaire a eu lieu dans la même journée près de Boudouaou El Bahri. Des centaines de citoyens de cette localité balnéaire ont investi la RN24 pour exiger leur approvisionnement en lait et en gaz butane. La route a été rouverte vers 15h après l'intervention des éléments de la Gendarmerie nationale. En outre, de nombreux villageois nous ont contactés pour nous faire part de leurs problèmes liés à la rareté de gaz butane à travers toutes les localités de la wilaya. Les scènes de bousculades et les files d'attente qui se forment devant les dépôts de Naftal sont toujours de mise. Les mesures prises par l'administration pour répondre à la demande exprimée en ces temps de froid n'ont pas apaisé les tensions. «On a réquisitionné dix camions privés en plus des cinq dont dispose Naftal actuellement. Ces moyens de transport supplémentaires vont alimenter les dépôts de la wilaya à partir de l'usine de Sidi Rezine (Alger)», indique un fonctionnaire de la direction des mines et de l'industrie (DMI). Pourquoi avoir attendu une semaine pour mobiliser les moyens en question ? Notre interlocuteur n'a fourni aucune réponse. Notons enfin que la wilaya ne dispose d'aucune usine de production de gaz butane. Le centre de remplissage prévu à Bordj Menaïel n'est toujours pas réalisé.