Le général Mohamed Lamari est décédé, hier matin, d'un arrêt cardiaque à son domicile de Bordj Ben Azzouz, petite commune de 14 000 habitants, distante de Biskra de 40 km, où il avait fait construire une maison. Il était arrivé peu de temps auparavant, accompagné de son épouse, pour profiter de quelques jours de repos. Le destin a voulu que cet homme, né à Alger en 1939, rende son dernier souffle dans le village de ses ancêtres. Dès l'annonce de cette nouvelle, un voile de tristesse a enveloppé Bordj Ben Azzouz. D'habitude animée, la grande rue du village s'est brusquement vidée. La mine des quelques habitants rencontrés, pour la plupart de simples ruraux tirant leur pitance de l'exploitation des palmeraies, est hermétique. Ici, il est en effet indécent d'exprimer ses sentiments intimes et sa douleur en public. Beaucoup s'affairent à préparer leur déplacement vers Alger pour assister à l'enterrement. Ils viennent de perdre un des leurs. Un homme d'une valeur inestimable qui a passé sa vie au service de l'Algérie, nous dit-on. Preuve du profond respect que les habitants de la région vouent à Mohamed Lamari, ils ont été des centaines à se précipiter vers l'hôpital Mohamed Ziouiche de Tolga où le général avait été transporté d'urgence. Le général, disaient-ils, «a sauvé, avec des hommes de sa trempe, l'Algérie de la dislocation dans les années 1990». Agé de 73 ans, ce militaire de carrière à la retraite depuis quelques années s'était rapproché des siens. Il était connu pour avoir endossé les plus hautes responsabilités au sein de l'institution militaire et pour avoir été un des plus farouches ennemis des terroristes et extrémistes de tous bords. «Mohamed était un homme humble et disponible. Depuis qu'il vient à Bordj Ben Azzouz, il n'a jamais fermé sa porte a quiconque. Il rendait service à tout le monde et aimait les petites gens. Un de ses plaisirs favoris était de faire son marché, sans aucun accompagnateur, à Tolga. Son vœu était que ses quatre enfants, deux garçons et deux filles, n'oublient pas leur village d'origine», raconte Brahim Omrani, président de l'APC de Bordj Ben Azzouz et ami du défunt. L'édile va proposer à la commission de wilaya compétente que le nom du général Mohamed Lamari brille au fronton d'un collège d'enseignement moyen qui sera bientôt inauguré à Bordj Ben Azzouz. Ali, professeur au lycée de Bordj Ben Azzouz, pense que le temps et les historiens rendront un jour grâce à cet homme «qui a passé sa vie à combattre les ennemis», a-t-il dit.