Les villageois de Sidi Ali Bounab ont manifesté leur colère dès les premiers jours de la tempête de neige. Les 11 villages et hameaux accolés au flanc nord de Sidi Ali Bounab, dans la commune de Tadmaït, à 18 km à l'ouest du chef-lieu de wilaya, ont souffert le martyre durant la tempête de neige de février courant. Les villageois ont dû recourir au blocage de la route, dès les premiers jours des intempéries, pour crier leur détresse. La dégradation des conditions atmosphériques a été ressentie durement dans cette contrée culminant à environ 500 mètres d'altitude. Ces intempéries ont dévoilé toute la misère dans laquelle la population se sent abandonnée de la part des pouvoirs publics. «C'est dans la douleur et leur ressentiment contre cet abandon» que les villageois de la contrée ont recouru, en pleine tempête de neige, à la protestation de rue, allant jusqu'à bloquer, sur les deux sens, au niveau du quartier Mouldiouane (Draâ Ben Khedda), la RN 12 reliant Tizi Ouzou à Alger, en causant d'énormes désagréments aux milliers d'usagers de ce tronçon autoroutier, carrefour de liaison aussi pour Tadmaït, Sidi Namane et Draâ Ben Khedda. Ces villages, qui ne sont pas raccordés au réseau du gaz naturel, ont vécu ces derniers jours des moments très difficiles dus au manque du gaz butane et à l'absence d'eau potable. Les villages de Sidi Ali Bounab «souffrent encore de la non concrétisation des promesses, depuis des années, des autorités, notamment de ceux que nous appelions nos élus, qui ne réapparaissent plus, sitôt que nos voix leurs sont acquises», affirment les représentants de ces villages. Hormis un revêtement en bitume d'une route allant d'Ighil Azuggagh (Draâ Ben Khedda) et traversant les villages At Khercha, At Saâda, Ihidoussene… pour aboutir vers Timezrit (Boumerdes), la région de Sidi Ali Bounab souffre aussi de l'état aléatoire de son alimentation en eau potable (AEP). «Il nous arrive de rester 20 jours sans eau, notamment en été, à cause de fréquents vols de pompes au niveau des forages alimentant nos villages, en plus des éclatements répétés des tuyauteries, vétustes, car placées après avoir rouillé à l'air libre pendant une décennie», dénoncent nos interlocuteurs. Selon eux, cet ensemble de villages n'a aucune couverture sanitaire. De surcroît, expliquent-ils, un villageois d'Aït Khercha, habitant Draâ Ben Khedda, avait fait don d'un terrain, situé en bordure de route et au cœur du village, pour servir, suivant son souhait, comme assiette d'implantation d'une polyclinique ou d'un lycée, impératifs pour la région. Mais, en fin de compte, l'on y a érigé un autre édifice. Ces représentants de villages énumèrent en outre l'absence, en leurs localités, de routes, de pistes, de l'éclairage public, de l'assainissement, d'aires de jeu, de maison de jeunes, du téléphone fixe, de la non résorption de beaucoup de cas d'habitats précaires, etc. «Comment pourrait résister un villageois, notamment le jeune, à vivre sur les terres de ses parents, lorsqu'il n'a pas même le minimum de condition d'une vie, disons juste normale, pour ne pas dire décente, alors qu'il sait qu'ailleurs l'on recourt spontanément à des actions de protestation pour une simple panne d'électricité, de l'AEP, de téléphone, et j'en passe?» s'interrogent nos interlocuteurs, pensant en outre à l'insuffisance d'établissements scolaires dans cette région où des écoliers font plusieurs kilomètres à pied pour rejoindre les salles de classe.