Y a-t-il une quelconque différence entre les dirigeants israéliens ? Non répondront en commun les Palestiniens toujours méfiants à l'égard de tous les discours, les plus dangereux étant ceux qui prônent la paix aussi paradoxal que cela puisse paraître. Les autres va-t-en guerre disposent en quelque sorte du mérite de la clarté. En parlant de paix, le Premier ministre israélien démissionnaire est devenu encore plus dangereux surtout avec au moins la complaisance d'une partie de la communauté internationale qui lui accorde, à tort bien entendu, un préjugé favorable. Son intérimaire n'a d'ailleurs pas pris de gants ou de précautions oratoires pour dévoiler la pensée des dirigeants israéliens, en relançant l'idée de nouvelles annexions donnant raison au mouvement palestinien Fatah qui déclarait refuser de reconnaître Israël tant que celui-ci n'a pas de frontières clairement définies. Et c'est à cette question que l'Autorité palestinienne a réagi hier en affirmant qu'elle n'accepterait pas un règlement ne lui restituant pas tous les territoires occupés, après que le Premier ministre israélien par intérim, Ehud Olmert, eut annoncé que son pays maintiendrait des zones palestiniennes sous son contrôle. « Si Olmert veut faire la paix, il doit savoir que cela passe par un retour aux frontières de 1967 et par une solution juste du problème des réfugiés, selon la résolution 194 de l'ONU », a déclaré le négociateur palestinien en chef, Saeb Erakat. La Cisjordanie y compris El Qods-est ainsi que la bande de Ghaza ont été occupés par Israël lors de la guerre israélo-arabe de 1967. « Olmert parle de mesures unilatérales, de diktats et de faits accomplis. Au lieu de conduire à la paix et la stabilité dans la région, cela est susceptible d'étendre le cycle de la violence », a affirmé M. Erakat. « Israël tente d'imposer des mesures unilatérales et la communauté internationale doit agir pour l'en empêcher, car nous voulons une paix basée sur la légitimité internationale », a-t-il ajouté. Loin d'être un discours de campagne, M. Olmert a affirmé qu'Israël conservera sous son contrôle « la vallée du Jourdain, les grands blocs de colonies » de Cisjordanie et « Jérusalem réunifiée », en évoquant le tracé de la « frontière définitive » d'Israël à l'Est. « Nous conserverons la vallée du Jourdain. Il n'est pas possible de renoncer au contrôle de la frontière est d'Israël », a déclaré M. Olmert. La vallée du Jourdain s'étend sur quelque 150 km depuis le lac de Tibériade, au Nord, jusqu'à la mer Morte, au Sud. Elle est bordée à l'Est par la Jordanie et à l'Ouest par Israël et la Cisjordanie. « Notre intention est claire. Nous nous dirigeons vers une séparation d'avec les Palestiniens et vers l'établissement d'une frontière définitive de l'Etat d'Israël (avec la Cisjordanie) », a souligné M. Olmert. « Nous nous séparerons de la majorité de la population palestinienne qui habite en Cisjordanie », a-t-il dit. « Nous préserverons l'unité de Jérusalem et conserverons les grands blocs de colonies », a poursuivi M. Olmert, énumérant notamment « Maalé Adoumim, Ariel et Goush Etzion qui font partie de l'Etat d'Israël ». L'objectif de la séparation d'avec les Palestiniens « nous forcera à nous séparer de territoires contrôlés aujourd'hui par l'Etat d'Israël », a souligné M. Olmert. Il s'est toutefois refusé à définir le tracé exact de la frontière définitive d'Israël à l'Est qu'il a évoqué. « Les frontières auxquelles nous pensons ne sont pas celles sur lesquelles l'Etat d'Israël se trouve aujourd'hui », s'est-il borné à indiquer. M. Olmert dirige le parti centriste Kadima, créé par le Premier ministre, Ariel Sharon, avant l'attaque cérébrale qui l'a terrassé début janvier. Le Kadima est donné grand favori pour les élections législatives israéliennes du 28 mars prochain et s'il remporte le scrutin, M. Olmert devrait former le prochain gouvernement israélien. D'une certaine manière, le successeur de Sharon dévoile la suite du retrait israélien de Ghaza qui s'avère n'être qu'un redéploiement, l'édification du fameux mur israélien dit de séparation, mais rapidement perçu par les Palestiniens comme une frontière de fait. Tout cela après la mort de la Feuille de route que le Quartette croit pouvoir ressusciter, dans le but évident d'appliquer ses clauses aux seuls Palestiniens. C'est toujours l'injustice que subit le peuple palestinien, avec cette même accusation de complot international.