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Al Hadi Flici, éloge de La Casbah
Un soleil typiquement algérois
Publié dans El Watan le 09 - 02 - 2006

Au romancier Abdelhamid Benhedouga, (1925-1996), alors vice-président du Conseil consultatif national, qui lui conseillait la prudence dans ses allées et venues dans La Casbah, Al Hadi Flici, (1936-1993), répondait, sagement, non sans une touche d'ironie : « Et où veux-tu, ya si Abdelhamid, que la médecine s'exerçat sinon dans La Casbah ? »
Le mot « Casbah » sortait d'entre ses lèvres tranchant, néanmoins, mélodique, comme pour triompher de toutes les vicissitudes de la vie quotidienne. Ce grand ami des humbles, on le savait dans tout l'Algérois, ne manquait jamais son rendez-vous quotidien pour être auprès de ses malades non sans avoir, au préalable, noirci, chez lui, dès le petit matin, quelques feuilles d'une écriture dense et porteuse de beaucoup d'espoir et de signes de confiance. La terreur s'était installée un peu partout, dénaturant un paysage sociopolitique déjà entamé. Et le pays menaçait de sombrer dans des profondeurs abyssales faute de gouvernants à la hauteur de leur tâche. De cet intellectuel qui continuait à faire la guerre aux séquelles du colonialisme français et aux extrémistes de tous bords, il n'est resté, en ce jour funeste du 17 mars 1993, q'une paire de verres correcteurs tâchés de sang. Le cameraman de la télévision, même si la séquence fut très brève, a su refléter par l'image la déroute d'un pouvoir qui ne savait où donner de la tête. Les descendants de la horde tartare de Hulagu, de Bonaparte, de Hitler, de Mussolini et de tous les autres criminels, étaient passés par là, car à leurs yeux la vie de l'esprit, le patriotisme et les plus belles choses en ce bas monde n'avaient pas droit à l'existence. Au chapitre du patriotisme, Al Hadi fut parmi les premiers de cette belle jeunesse de l'éternelle Casbah à répondre au pressant appel de la nation, une jeunesse qui a résisté durant plus de onze mois aux Saint-Cyriens. Etudiant en médecine, traqué par la police française, Al Hadi n'avait pas la langue dans la poche, il fut donc torturé à la prison de Barberousse, et n'en sortit que plus convaincu de la justesse de son combat et celui du peuple algérien. Et dire qu'il a été assassiné dans cette même Casbah ! Dans la Grèce antique, la tragédie, en tant que forme littéraire, prenait forme à partir d'un crime que l'on pourrait aujourd'hui qualifier d'accidentel, la science psychanalytique contemporaine est née grâce à l'interprétation de ce type de crime, cependant l'assassinat de Flici n'a rien généré et ne sera jamais en mesure de générer une idée susceptible d'être travaillée et par un penseur ou par un artiste pour en faire un chef-d'œuvre tant le crime est crapuleux et d'une absurdité inégalée. Dans l'Hexagone, on se demandait : quel est ce monsieur qui continue à faire la guerre à la France ? C'est que Flici avait exhumé, entre autres, cette histoire de Marguerite où des dizaines d'Algériens furent massacrés dans les environs de Miliana au tout début du XXe siècle. En exerçant la médecine au sein des humbles, Al Hadi a bien compris que l'homme a besoin avant tout de se sentir sécurisé sur un double plan : garantir sa propre pitance et n'éprouver aucune espèce de peur. Il avait ainsi dans le geste et dans la pensée, le message coranique, celui du quatrième verset de la 106e Sourate. Pour l'écrivain talentueux et incisif qu'il fut, il en avait gros sur le cœur de constater la disparition du livre des rangs des bibliothèques et des librairies. L'ENAL livrait alors un vain combat contre des décideurs ignorants, pis, qui se plaisaient au nom d'un changement saugrenu à voir ce poumon essentiel à la vie de l'esprit s'effriter et rendre l'âme. La terreur, disait-il, ne peut être combattue que par la force de l'esprit. Bravant donc la mort aveugle, il s'était proposé de faire un petit chemin dans ce sens avec ses plus proches amis tout juste avant sa disparition. Il nous invita ce vendredi 26 février 1993 chez lui dans les hauteurs d'Alger : Mouloud Achour, journaliste et romancier, Abrous Outoudert, journaliste et poète, Benamar Seghir, professeur de sociologie à l'université d'Alger et moi-même. Flici avait en tête et dans le cœur une idée aussi belle qu'extravagante : éditer nos propres livres à compte d'auteur sans en tirer de bénéfices, et renouveler l'opération chaque fois que l'argent nécessaire est réuni. Et bien sûr, distribuer ces livres aux jeunes nécessiteux. Une idée on ne peut plus remarquable et idéaliste à la fois, lorsque la mort vous guette à la porte à tout instant ! Dix-neuf jours après cette mémorable petite réunion, Flici se faisait assassiner dans son cabinet, en plein cœur de La Casbah, là où il a fait la promesse de combattre le colonialisme français et les extrémistes de tous bords. Le forfait fut accompli à un moment où le qualificatif de « laïco assimilationnistes » était collé, à tort et à travers, aux soixante membres du Conseil consultatif national installé par le défunt Mohamed Boudiaf. Il faut le rappeler aujourd'hui : ces mêmes militants de la cause nationale ainsi que tous les autres militants de ce grand peuple étaient condamnés à mort, et leurs noms figuraient sur des listes placardées dans les couloirs des universités, sur les piliers des mosquées et autres lieux. La fin, nous la connaissons ! Abdelhamid Benhedouga qui devait disparaître, lui aussi, quelque temps après, jetait depuis un regard hagard dans les couloirs du siège de l'APN, et répétait de temps à autre : « Et où veux-tu que la médecine s'exerçât sinon dans le cœur de La Casbah, ya si Abdelhamid ? » La petite Sarah Flici attendait chaque soir le retour de son père. Les enfants, on a beau les étudier, ont leur manière particulière de percevoir les choses de cette existence. Dans ses yeux, il y avait une espèce de regard errant, et l'errance était pour elle raison, et comme une nouvelle muraille qu'elle dressait entre elle et le monde du mal gratuit, car le mal était et reste chose gratuite. Moi, en ce mois de mars 1993, soit quelques mois avant qu'une balle vînt me traverser la tête de part en part, je me mettais à contempler le vieux prunier dans notre petit jardin. J'attendais avec impatience l'éclosion de ses pétales blancs, mais qui faisaient tout de même un panache des plus merveilleux. A travers cette même blancheur, avivée par d'autres petites couleurs, je revoyais le visage pharaonique de Mohamed Boudiaf, car le jour où il fut assassiné en direct dans un centre culturel, je me trouvais par hasard sur ce même prunier pour faire ma cueillette habituelle. Al Hadi Flici, je le sens aujourd'hui, a quelque chose à avoir avec ce prunier, avec sa blancheur printanière. Celui-ci existe toujours, ses pétales n'ont jamais fait défaut.

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