Dans sa première session de 2012, le tribunal criminel a jugé, hier, le crime odieux perpétré, en novembre 2009, sur la route Kenadsa-Béchar (18 km) et qui avait, en s'en souvient, ébranlé l'ancienne et paisible cité minière de 15 000 habitants. Addou Blel, 63 ans, principal inculpé, a été condamné à la réclusion à perpétuité pour meurtre avec préméditation, Hami Brahim, son ami, 58 ans, a été condamné à la même peine pour complicité et trois agents de l'entreprise Sonelgaz de passage en voiture au moment du drame ont été condamnés à 1 an d'emprisonnement ferme pour non-assistance à personne en danger. Rappel des faits : Addou Blel est accusé d'avoir froidement assassiné son jeune compagnon de route, Khatari Badradine, âgé de 21 ans, propriétaire d'un véhicule neuf de marque Toyota Hilux acquis auprès de l'Ansej. Les deux sont natifs de la même localité et le jeune conducteur devait emmener, ce jour-là, le sexagénaire avant le lever du jour au marché de gros des fruits et légumes à Béchar. En cours de route, il oblige le conducteur à s'arrêter un instant et, brutalement, le poignarde à l'aide d'un couteau de cuisine au flanc gauche. La victime perdra beaucoup de sang avant l'arrivée des secours. Son forfait accompli, le criminel quitte le véhicule et s'en éloigne de quelques mètres comme pour donner l'alerte sur une route déserte et échafaude déjà un scénario. Une voiture de service de la Sonelgaz, de passage, s'arrête mais refuse de prendre en charge le jeune Badradine qui agonisait jusqu'à l'arrivée des services de la Protection civile qui l'évacuèrent vers l'hôpital de Béchar, où il rendra l'âme dès son admission. Le meurtrier, qui a agi, selon l'acte d'accusation, pour s'accaparer du véhicule de sa victime, donnera au début de l'enquête plusieurs versions des faits. Il avait indiqué dans un premier temps que leur voiture avait été attaquée dans l'obscurité par des rôdeurs motocyclistes, avant de se rétracter et avouer être l'auteur du crime. Un aveu qu'il reniera, puisqu'à l'audience d'hier il accusera Hami Brahim, son ami qu'il connaissait depuis plus de vingt ans, d'être le véritable assassin du jeune conducteur. Mais les preuves matérielles à charge présentées contre l'inculpé sont irréfutables aux yeux du ministère public. Les enquêteurs avaient inspecté un large rayon des lieux du crime à la recherche d'un indice et avaient fait une découverte accablante pour le meurtrier : le téléphone mobile de la victime et le couteau de cuisine ayant servi au forfait étaient dissimulés sous une pierre à proximité. L'épouse du sexagénaire avait d'ailleurs reconnu le couteau qui avait disparu de sa cuisine, selon l'enquête menée. Mais, l'interrogation cruciale demeure toujours obscure. Hami Brahim était-il en compagnie d'Addou Blel ce jour-là, au cours de cette matinée glaciale de novembre, pour commettre ensemble ce meurtre innommable ? L'enquête menée n'a pu le déterminer avec certitude. Dans son sévère réquisitoire, le ministère public a requis la peine capitale à l'encontre d'Addou Blel et Hami Brahim pour meurtre et complicité de meurtre. La défense de ce dernier était assurée par Me Farhat Abdelaziz, celle des agents des services Sonelgaz par l'avocate Larabi Najate et le principal inculpé était défendu par le défenseur Benyacoub Zine Abidine, assisté de l'avocat Lahbib Dahou Houari. Pour le défenseur Benyacoub, le ministère public a choisi la règle mathématique selon laquelle la ligne droite demeure le plus court chemin pour aller d'un point à un autre et arriver à l'incrimination du prévenu en concluant au crime avec préméditation. S'adressant au tribunal, le défenseur a ensuite plaidé l'insuffisance de l'instruction et le doute persistant autour de ce crime qui ne peut se résumer, selon lui, au simple couteau de cuisine retrouvé sur les lieux du forfait, car un assassinat de ce genre est généralement commis par des armes, tel un couteau de boucher ou un cran d'arrêt, plaidera-t-il. Après plus de 15 heures de débats et de plaidoiries, le verdict est tombé vers minuit : la réclusion à perpétuité pour les deux accusés et 1 an de prison ferme pour les agents de l'entreprise Sonelgaz.