Un sexagénaire sans scrupules poignarde son jeune compagnon et voisin pour un motif que seule l'enquête est à même d'élucider. Vers 5h, en fin de semaine dernière, sur la route Kenadsa-Béchar, un crime innommable a été perpétré et a jeté l'émoi dans la petite et ancienne cité minière de Kenadsa où vivent près de 15 000 âmes. Un sexagénaire a assassiné froidement son jeune compagnon âgé de 21 ans, propriétaire d'un véhicule de marque Toyota Hilux. Tous deux sont natifs de la localité. Les faits : le jeune conducteur devait emmener, ce jour-là, le sexagénaire de bonne heure au marché de gros de fruits et légumes de Béchar pour achat et livraison avant le lever du jour aux marchands locaux de Kenadsa. En cours de route, le meurtrier oblige, pour un motif quelconque, son jeune chauffeur à s'arrêter ; subitement, il l'étrangle et le poignarde à l'aide d'un couteau (certains parlent d'un tournevis) au flan droit. Le forfait accompli, le criminel quitte le véhicule et s'éloigne de quelques mètres de l'endroit comme pour donner l'alerte. Une voiture des services de Sonelgaz de passage à cette heure-ci s'arrête, mais il est trop tard pour le jeune homme qui agonise et rend l'âme sur les lieux quelques instants plus tard. Le chauffeur de cette entreprise sera d'ailleurs inculpé et mis sous les verrous au cours de cette semaine pour « non assistance à personne en danger de mort ». Mais dans l'interrogatoire qui suivra, le meurtrier parlera d'une agression nocturne subie tous les deux par des délinquants rôdeurs. Sa version des faits ne tient pas la route, car les enquêteurs des services de la Gendarmerie nationale ont relevé des indices et traces qui battent en brèche et contredisent les allégations du sexagénaire. D'abord, le coup de couteau fatal porté sur le flanc droit de la victime ne pouvait provenir que d'une personne assise à la droite du conducteur, ensuite, les débris de verre du pare-brise de la Toyota ont été projetés à l'extérieur et non à l'intérieur du véhicule, ce qui détruit aux yeux des enquêteurs la version de l'agression extérieure. Le troisième indice plus accablant encore, sont les empreintes relevées et laissées sur les ongles du tueur au moment de sa tentative de strangulation du chauffeur, ce qui écarte définitivement l'idée d'une attaque par des rôdeurs nocturnes. Néanmoins au bout de quatre jours d'interrogatoire, le sexagénaire finit par craquer, passe aux aveux et reconnaît être l'auteur du crime abject. Mais pour l'opinion publique, la question que l'on continue à se poser reste sans réponse jusqu'ici. Pourquoi ce crime commis par un homme âgé et pour quel motif ? Le meurtrier avait-il l'intention après l'accomplissement de son acte de s'emparer de la voiture neuve acquise récemment par le défunt auprès de l'Ansej ? C'est en tous cas la thèse privilégiée du mobile du crime qui prévaut, mais des zones d'ombre entourent encore les dessous de cet inexplicable meurtre. Le coupable serait un escroc, et selon des témoignages concordants, harcelé par des créanciers. En attendant, des éclaircissements sur cette affaire, c'est l'incompréhension et la stupéfaction qui s'installent dans l'ancienne et paisible cité minière de Kenadsa.