Rachid Boudjedra, dans une autre conférence animée durant le même colloque, a analysé «la modernité» contenue dans Al Mawaqif (Livre des haltes) de l'Emir Abdelkader. Modernité liée au fait que l'auteur avait fait appel à la philosophie dominée par l'esprit soufi, à l'expression poétique libre et à l'histoire. «Une écriture nouvelle où la poésie se mêle à la prose et où sont évoqués l'amour et Dieu», a-t-il noté. Contenant les écrits spirituels et les commentaires ésotériques de l'Emir Abdelkader, Al Mawaqif est considéré comme l'un des ouvrages majeurs du XIXe siècle musulman. Selon Meftah Abdelbaki de la confrérie El Hebria d'El Oued, ce livre a servi de référence à plusieurs autres ouvrages tels que ceux de Mohamed Bendjafar El Kitani, Youssef Al Nabhani et Chakib Arslan. Meftah Abdelbaki, qui est aussi membre de la fondation Emir Abdelkader, a expliqué que le savant soufi syrien Mohamed Khani avait été chargé par l'Emir de rassembler et d'arranger tous les écrits dans Al Mawaqif. «Certains passages du livre ont été écrits par l'Emir lui-même, d'autres avaient été dictés en présence de ses disciples. Al Khani se chargeait de vérifier et de préciser le propos», a indiqué le conférencier. D'après lui, il n'existe aucun doute qu'Al Mawaqif, qui célèbre le grand maître Al Cheikh Al Akbar, Mahieddine Ibn Arabi, est bel et bien l'œuvre de l'Emir Abdalkader. Sa petite-fille, princesse Badéa, a, dans un entretien à un quotidien algérien, prétendu que Al Mawaqif n'avait pas été écrit par l'Emir Abdelkader et que l'ouvrage avait été publié après sa mort à Damas en 1883.