Dans les pays démocratiques, le personnel politique est sommé de se soumettre au verdict des urnes aux différentes élections locales et parlementaires pour se donner une légitimité populaire. On a vu, en France, comment un ancien chef de gouvernement, Dominique de Villepin en l'occurrence, se voit à chaque fois rappelé par ses adversaires politiques, pour l'affaiblir, son déficit de légitimité pour avoir failli à ce commandement en évitant de se porter candidat aux élections locales et législatives. Dans ces pays, il n'est pas un responsable politique, à quelque niveau que ce soit, de la base au sommet, dans toutes les institutions, qui ne soit maire ou député. Quasiment tous les cadres des partis politiques sont des élus locaux ou de conseils régionaux. Les ministres, à commencer par le premier d'entre eux, le chef du gouvernement, ne pourrait pas aspirer à gouverner le pays s'il n'est pas un élu, s'il n'a pas l'onction populaire. Quand on prétend se mettre au service de la collectivité nationale en assumant un poste ministériel, on ne peut pas se comporter comme un haut fonctionnaire parachuté, un coopérant qui a une vision centralisée de la gestion de la vie publique, déconnecté des préoccupations des citoyens. Chez nous, les membres du gouvernement et la classe politique de manière générale, qu'il s'agisse des institutionnels ou des états-majors des formations politiques, ne s'imposent pas cette loi régalienne par laquelle tout responsable se trouve lié par un contrat politique et moral avec les citoyens à travers la représentation populaire. Nos ministres et nos responsables, anciens ou en poste, ne se bousculent pas pour figurer sur les listes électorales, même ceux qui sont structurés dans des partis et qui passent pour être des poids lourds. Trop peu pour eux, le poste de député ? Le statut d'acteur politique de l'ombre semble procurer plus de bienfaits qu'un poste officiel, chez ces professionnels de la politique qui tirent leur force de leur «légitimité historique» au sein de leurs formations. Serait-ce pour autant la seule motivation, pour tous ces hommes politiques qui occupent la scène médiatique, notamment en période électorale mais que l'on ne retrouve pas paradoxalement sur les listes électorales ? Seuls les candidats qui ont le privilège de figurer en tête des listes des partis, assurés du soutien actif de leurs appareils politiques, s'aventurent dans ce test de popularité qui pourrait conforter des carrières en cas de victoire ou, à l'inverse, briser ses rêves en cas de défaite. Incontestablement la classe politique, en Algérie, a peur du suffrage populaire. L'échec d'un homme politique est vécu, dans la pratique du pouvoir en Algérie, comme une hécatombe et un désaveu populaire qui n'est pas sans conséquence sur les ambitions et les carriéristes de la politique. Surtout s'il s'agit d'un responsable connu, qui a déjà exercé des fonctions officielles et ne désespère pas de revenir aux affaires ou qui est en poste par la grâce d'une confortable nomination politique ou administrative.