Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a chargé, hier à Gaza, le chef de file des députés Hamas, Ismaïl Haniyeh, de former le prochain gouvernement. La cérémonie ne s'est pas déroulée à Ramallah, les déplacements des députés de Hamas étant interdits par Israël. Le chef du bureau politique du mouvement islamiste, Khaled Mechaal, a déclaré au moment où Haniyeh recevait l'onction de premier ministre que Hamas se déciderait sur d'éventuelles négociations avec son voisin, une fois que celui-ci cessera ses actes unilatéraux et se sera retiré des territoires palestiniens. Tant qu'Israël ne tiendra pas compte des intérêts des Palestiniens, négocier est une perte de temps, a dit Mechaal depuis Téhéran. Haniyeh doit d'ici la mi-mars former son équipe et la faire approuver par le Parlement où siègent 74 députés islamistes. S'il échoue, deux semaines supplémentaires pourraient lui être accordées. Mais Hamas, qui a entamé des discussions avec les groupes au Parlement en vue de la formation du gouvernement, se veut optimiste. Haniyeh pense même former son gouvernement pendant la période allouée, c'est-à-dire d'ici trois semaines. Présenté comme pragmatique, Haniyeh, 43 ans, sera le premier chef du gouvernement palestinien issu du Hamas, une formation qualifiée de “terroriste” par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne. Hamas, qui promet un cabinet qui obtiendra “la confiance du Parlement” et “le respect des Palestiniens”, cherche à impliquer toutes les parties palestiniennes, personnalités, courants et forces politiques, à l'intérieur et à l'extérieur des territoires. Si au Fatah, la tendance est à l'opposition pour se refaire une popularité, le Front populaire de libération de la Palestine aurait, lui, donné son accord de principe pour faire partie de l'attelage Hamas alors que le Djihad islamique a refusé, tout en affirmant soutenir son alter ego idéologique. Haniyeh minimise les sanctions financières dont est menacé son gouvernement au prétexte que l'autorité palestinienne a toujours fait l'objet de restrictions et de bouclages répétitifs. Le président Abbas, lui, ne fait pas l'impasse sur la crise financière aggravée par la victoire électorale de Hamas. Les Etats-Unis tout comme l'UE et les autres pays donateurs lient le maintien de leur aide à la reconnaissance d'Israël par le Hamas, son renoncement à la lutte armée et son acceptation des accords israélo-palestiniens passés. Ce que Hamas refuse de faire. Jusqu'à quand ? D. Bouatta