L'Algérie par le biais de Sonatrach doit impérativement veiller à la souveraineté nationale dans la vente de l'ammoniac/urée issus des deux nouvelles usines d'Arzew si elle veut que la marge essentielle - plusieurs centaines de millions de dollars- ne finisse pas dans les poches de l'égyptien Sawiri d'Orascom et de l'Omanais Suhail Bahwan du groupe Holding LLC (SBGH) ». Tel est l'appel lancé par nos sources à l'adresse de la haute administration algérienne, laquelle est également interpelée afin d'éviter de reproduire la même erreur Fertial. Quelle est justement cette erreur ? Selon les déclarations de nos à sources à El Watan économie, «pour être vendues, les 600. 000t de Fertial sont annexées aux 2 millions de tonnes de la filiale espagnole Fertiberia. Car sans cette option, l'ammoniac algérien peinerait à trouver sa place sur un marché où sont échangées pas moins de 150 millions de tonnes» - faites par les représentants en Algérie du partenaire espagnol Villar Mir, propriétaire des 66 % des actifs de Fertial -, sont bien loin de refléter la réalité. Toujours selon ces sources, « votre pays est victime d'une énorme injustice. Les Espagnols engrangent de substantielles marges sur le dos des Algériens grâce à un ammoniac obtenu à partir d'un gaz très bon marché. Les 600 000 t vendues exclusivement à Fertiberia sont en réalité utilisées telles quelles. L'ammoniac algérien n'est pas revendu sur le marché international. Il est transformé sur place (en Espagne) en produits fort rémunérateurs tels que le nitrate d'ammonium et le Di Ammonium Phosphate. Des produits très prisés et dont les prix sont excessivement élevés en Europe. C'est l'affaire qui fait perdre à l'Algérie des centaines de millions de dollars US par an au moins ». Mieux, tient à soulignent à souligner nos sources, le marché de l'ammoniac est très demandeur, l'offre a toujours été en deçà de la demande. «Affirmer que sans Fertiberia, l'ammoniac algérien peinerait à trouver sa place à l'international est en conséquence illogique». Pour argumenter leurs dires, nos interlocuteurs estiment nécessaire de rappeler que les productions les plus élevées sont dans la mer Noire. Par rapport à ses concurrents de cette région (Ukraine et Russie) mais aussi à ceux de l'est du canal de Suez, l'Algérie jouit d'un avantage comparatif déterminant. Allant dans le détail, ces mêmes sources européennes souligneront que «Le marché du bassin méditerranéen est déficitaire en ammoniac. L'Algérie se trouve en pôle position pour l'approvisionnement de ce marché qui demande 3 et 5 millions de t/ an. Votre pays a l'avantage de la proximité». Mieux encore, lâchent-elles, « ce que les responsables de Fertial ont omis de dire c'est que l'ammoniac algérien n'est pas taxé sur le marché européen alors que celui issu de la mer Noire est soumis à une taxe d'entrée représentant entre 2 et 5% du prix de l'ammoniac ». Quels sont dans ce cas les garde-fous à mettre en place en matière d'exportation et commercialisation d'ammoniac et d'urée pour que notre pays puisse se prémunir de toute éventuelle déconvenue avec l'égyptien Orascom et l'omanais Suhail Bahwan Group Holding (SBGH) ? «Il appartient à l'Etat algérien de prendre les mesures qui s'imposent pour ne pas tomber dans la même erreur. Offrir le gaz super bon marché et confier la vente du produit fini aux étrangers serait aberrant, voire relèverait de la débilité mentale. Car cela veut dire que la marge essentielle reste à l'étranger », répondent nos sources. Le marché va connaitre de grands bouleversements essentiellement dus à l'entrée en service de nouvelles capacités de production ainsi qu'à l'impact de la crise en Europe et dans le monde sur le marché de l'ammoniac, l'urée et le phosphate, poursuivent-elles. Avec les deux lignes d'ammoniac de 2200 t/j chacune -une ligne pour la transformation en urée et une ligne destinée à l'exportation- et une ligne d'urée de 3500 t/j issues de Sorfert auxquelles s'ajoutent celles d'AOA/Smida –deux pour l'ammoniac, 2200 t/j et deux à 3500 t /j d'urée chacune, l'Algérie va ainsi totaliser quelque 10 000 t d'urée /j. Avec une moyenne de prix actuelle allant de 350 à 400 dollars/t, ces deux nouvelles usines seront à même de générer des ressources s'élevant à 4 millions de dollars/j en moyenne. De quoi avoir un appétit d'ogre !