Le magazine allemand Der Spiegel affirme que la chancelière Angela Merkel, et ses homologues conservateurs italien, espagnol et britannique se sont entendus pour boycotter le candidat socialiste. Paris. De notre correspondant
Selon le journal, les quatre dirigeants européens se seraient «engagés verbalement» à ne pas recevoir François Hollande, que les sondages donnent vainqueur de la présidentielle. Une promesse à laquelle se serait joint le Premier ministre britannique, David Cameron. D'après l'hebdomadaire, les dirigeants, tous conservateurs, reprochent au candidat socialiste sa volonté de renégocier le pacte fiscal. Le Premier ministre britannique, dont le pays n'a pas signé le pacte fiscal, se serait aligné par conviction idéologique. L'information a créé un remous aussi bien en Allemagne qu'en France. Le ministre des Affaires étrangères allemand, Guido Westerwelle, a appelé les hommes politiques de son pays à ne pas s'immiscer trop ostensiblement dans la campagne présidentielle française. «Je recommande à tous les partis politiques allemands à faire preuve de retenue. Les divergences politiques allemandes ne doivent pas être exportées vers la France. Il ne doit subsister aucun doute sur le fait que l'Allemagne travaillera très bien avec tout gouvernement choisi par le peuple français», insiste Guido Westerwelle. François Hollande se réjouit «Elle ne m'impressionne pas, cette information. C'est le peuple français qui va décider de son avenir. Ce ne sont pas des dirigeants européens, que je respecte par ailleurs, qui doivent peser sur la décision du peuple français. Nous sommes une grande nation, un grand pays, qui ne se fait pas commander ses choix par des chefs d'Etat et de gouvernement amis, mais extérieurs à notre démocratie. Même si je reconnais qu'ils seront mes partenaires si je deviens président de la République, et j'aurais à cœur de les convaincre d'ajouter une dimension de croissance aux traités européens», a déclaré François Hollande sur la chaîne publique France3. Ce pacte, s'il venait à être confirmé, fait les affaires du candidat socialiste qui peut se poser en rempart contre la politique d'austérité, imposée notamment par l'Allemagne. Devant le tollé, Berlin s'est hâté de démentir timidement l'information. «Chaque chef de gouvernement européen choisit indépendamment si et comment il souhaite recevoir M. Hollande. En Allemagne, il n'y a pour le moment aucun rendez-vous de prévu», a déclaré un porte-parole d'Angela Merkel. Le soutien de la chancelière à l'actuel locataire de l'Elysée est public. «Je soutiens Nicolas Sarkozy sur tous les plans, car nous appartenons à des partis amis», a-t-elle déclaré en février. Elle doit même participer à un meeting de Nicolas Sarkozy. «Si Mme Merkel veut faire campagne pour M. Sarkozy, elle en a parfaitement le droit. C'est même une tâche rude qu'elle se donne, car ça ne sera pas facile de convaincre les Français», avait plaisanté François Hollande.