Le Parti socialiste français a vivement réagi, avant-hier soir, à une information de presse selon laquelle la chancelière Angela Merkel et d'autres dirigeants européens se sont entendus pour refuser de recevoir François Hollande, candidat socialiste à la présidentielle. Angela Merkel en fait trop !, a déclaré dans un communiqué l'un des secrétaires nationaux du PS, Jean-Christophe Cambadélis. Il commentait une information du magazine allemand Der Spiegel à paraître lundi selon laquelle Mme Merkel et ses homologues italien, Mario Monti, espagnol, Mariano Rajoy, et britannique, David Cameron, se sont entendus pour refuser de recevoir M. Hollande, que les sondages donnnent vainqueur du président sortant Nicolas Sarkozy à la présidentielle. Ce boycott est à la fois peu amical, peu acceptable et peu rentable sur le plan électoral. Car l'hostilité de la chancellerie a peu de chance de trouver un écho positif chez nos compatriotes. Elle prend d'ailleurs un risque inconsidéré, écrit le responsable socialiste. Et M. Cambadélis s'interroge: Alors pourquoi cette campagne de Angela Merkel, qui au passage n'a pas eu la même humeur pour monsieur (Viktor) Orban?, le Premier ministre hongrois critiqué par l'Union européenne pour des lois controversées. Aurait-elle peur que l'élection de François Hollande perturbe son obsession austéritaire ? S'inquiéterait-elle que la France devienne le point d'appui de tous ces dirigeants européens qui râlent en sourdine ? Les Pays-Bas eux-mêmes trouvent que cette austérité sans croissance est impossible à supporter dans leur pays, poursuit M. Cambadélis. L'Espagne conservatrice s'enfonce dans la récession. Et partout l'Europe suffoque sous le poids de la récession en marche. Et ce n'est pas le traité européen qui va arranger les choses. En tous cas, Madame Merkel en fait trop en voulant dresser un mur contre le leader de la gauche française, car il sera demain peut-être le Président de la France, conclut-il. Selon Der Spiegel, Mme Merkel, M. Monti et M. Rajoy se sont engagés verbalement à ne pas recevoir M. Hollande, et M. Cameron s'est joint à eux. D'après l'hebdomadaire, les dirigeants conservateurs européens sont scandalisés par l'intention déclarée du candidat socialiste de renégocier, s'il est élu, le pacte fiscal, une pièce centrale du sauvetage de la zone euro. Le 6 février, Mme Merkel a apporté son soutien au président Sarkozy, candidat à un nouveau mandat. Après un conseil des ministres franco-allemand à Paris, elle a déclaré: Je soutiens Nicolas Sarkozy sur tous les plans, car nous appartenons à des partis amis. M. Hollande a demandé à être reçu par Mme Merkel, qui a refusé de dire si elle le recevrait à Berlin. Une rencontre à Berlin entre Mme Merkel et M. Hollande a été évoquée pour mai, sans être confirmée ou infirmée. L'élection présidentielle française se tient le 22 avril et le 6 mai.