A 32 ans, Augustine « Jay Jay » Okocha a tiré sa révérence. Le 9 février restera à jamais marqué dans sa mémoire. L'instant a été immortalisé par les photographes au stade de l'Académie militaire du Caire, lorsqu'il a quitté le terrain à la 66' du match de classement pour la 3e place Nigeria-Sénégal. Son coach, Augustine Euguavoen, a attendu l'heure de jeu pour le faire sortir et le remplacer par Kwanwu Kanu, tout un symbole. Le public, comme un seul homme, s'est levé et a applaudi le virtuose nigérian qui a amplement mérité la standing ovation. Jay Jay Okocha a quitté sa sélection et la haute compétition par la grande porte. Il a peu joué durant la CAN 2006 à cause d'une blessure aux adducteurs qui l'a relégué sur le banc jusqu'à la fin de la demi-finale face à la Côte d'Ivoire. Le match de jeudi, c'était le sien. Pendant toute la durée de sa présence sur le terrain, il a régalé les puristes par ses passes de jeu, son inspiration, son intelligence dans le jeu, ses services millimétrés en direction de Martins et de Nsofor. Il a été fidèle à son image de marque. Celle d'un grand joueur qui n'a pas eu la carrière qu'il a méritée et à laquelle le prédestinait son immense talent. Il a été la figure emblématique des Super Eagles durant 12 ans. Le gosse d'Enegu, ville située à l'est du Nigeria, a fait ses classes au sein du club local, Enegu Rangers, qui a pris part à plusieurs éditions de la Coupe d'Afrique des clubs. Dans le club de sa ville, Okocha a rapidement émergé au niveau des équipes de jeunes. Les recruteurs et les responsables techniques de la NFA, Fédération de football du Nigeria, ont vite fait de coucher son nom sur la liste des jeunes prodiges. A 20 ans, il débarque à la CAN. C'était en 1994 à Tunis. Il illumine le jeu des Super Eagles aux côtés de ses jeunes potes qui avaient pour nom Finidi, Oliseh, Ucheh, Babayaro, Amokachi et le vétéran Rachidi Yekini. Sur la belle pelouse du stade El Minzah, Okocha a émerveillé les puristes durant toute la durée de la compétition. Ses passes décisives ne se comptaient plus. Son coach, le fantasque néerlandais Clémence Westerhoff, le freinait un peu à chaque match. Le Nigeria et Okocha étaient irrésistibles. Le sacre, face à la Zambie, allait être le premier et dernier pour lui au plan continental. Les recruteurs européens, venus en nombre à la CAN 1994, ont tout fait pour l'attirer. Okocha a succombé à l'offre allemande de l'Entracht Frankfurt. Durant 4 ans, il illumina les pelouses de la Bundesliga. En 1996, il participa avec bonheur aux Jeux olympiques d'Atlanta. Sous sa conduite, le Nigeria remporta la médaille d'or après avoir humilié au passage les sélections d'Italie, d'Argentine et du Brésil. Tous les clubs du vieux continent le voulaient. C'est le Paris Saint-Germain qui a eu le dernier mot. Son passage parisien, à l'instar de celui au Fenerbahce, en Turquie, n'a rien altéré à sa soif de victoires. Au crépuscule de sa carrière, il a rejoint Bolton et l'Angleterre pour ce qui va être sa dernière halte avant de raccrocher les crampons. A l'article de la retraite sportive, Jay Jay Okocha est amplement satisfait de son parcours. En Egypte, il a affirmé : « Je quitte les Super Eagles l'esprit tranquille et la conscience d'avoir dignement servi le Nigeria. Il est temps pour moi de laisser la place aux jeunes qui arrivent et qui sont talentueux. Il faut laisser Euguavoen poursuivre sa mission à la tête de cette jeune sélection. Je suis sûr qu'il a les capacités de monter une grande équipe si on lui laisse le temps. » Le sélectionneur, critiqué par la presse locale, ne pouvait trouver meilleur avocat, surtout que ce dernier n'est plus demandeur d'une place, ni sur le terrain ni sur le banc. Okocha peut tourner le dos à la haute compétition. Avec 3 participations à la Coupe du monde, 1994, 1998 et 2002, il a pratiquement tout connu. Son immense talent manquera au Nigeria et à la Coupe d'Afrique des nations. L'artiste est parti.