Artiste, dribbleur, magicien... Le génie de Jay-Jay Okocha a émerveillé pendant des années les terrains d'Europe. Artiste, dribbleur, magicien... Le génie de Jay-Jay Okocha a émerveillé pendant des années les terrains d'Europe. De l'Allemagne à l'Angleterre en passant par la Turquie et la France, le Super Eagle a marqué les esprits à coups d'exploits fascinants. Retour sur la vie d'un garçon hors du commun. Les débuts «Petit, je me rappelle qu'on jouait avec n'importe quoi, tout ce qu'on pouvait trouver. C'était génial !". C'est en ces termes qu'Augustine Okocha évoque ses débuts dans le football, parmi les enfants de son âge dans les rues de sa ville natale d'Enugu au Nigeria. Rapidement remarqué par le club professionnel de Nigerian Premier League, Enugu Rangers (qui vit aussi passer furtivement dans ses rangs Taribo West) le jeune Okocha fait ses débuts à l'âge de 16 ans. Avec sa vivacité et sa fougue, il fait déjà parler sa technique hors du commun. "Les voyages forment la jeunesse", dit un vieux proverbe, et Okocha ne va pas le contredire. Lors d'un voyage en Allemagne, il impressionne les quelques observateurs durant un entraînement d'amateurs auquel il prend part avec l'ami à qui il rendait visite. Le petit club de 3e division allemande, le Borussia Neunkirchen, lui propose un contrat professionnel qu'il signe en 1991. A 18 ans, le jeune Augustine, surnommé Jay-Jay, débarque en Europe. Il ne reste dans l'ouest de l'Allemagne qu'une saison. En 1992, l'Eintracht Francfort le recrute. Okocha découvre la 1ère division et le feu des projecteurs aux côtés, notamment, d'un autre africain le buteur Ghanéen Tony Yeboah. Le natif d'Enugu donne vite raison aux recruteurs de Francfort : il brille avec ses arabesques et ses frappes surpuissantes. Il décroche notamment le titre de plus beau but de l'année 1993 avec sa réalisation contre Karlsruhe où il met au supplice un certain Oliver Kahn. Ses bonnes prestations lui valent d'être convoqué pour la première fois par le sélectionneur du Nigeria, le Néerlandais Clemens Westerhof, en 1993. A l'issue de la saison 1996, Francfort est relégué et Okocha quitte l'Allemagne, récente championne d'Europe des Nations. En 1996, il pose ses valises en Turquie, à Fenerbahçe, récent champion où il retrouve son partenaire en sélection, le défenseur Uche. Avant de débuter la saison, lui et ses compatriotes font sensation aux Jeux Olympiques d'été 1996 à Atlanta : les Super Eagles décrochent la médaille d'or en battant en finale l'Argentine (3-2) d'Ayala, Crespo, Zanetti et autres Ortega. En demi-finale, ils avaient déjà éliminé le Brésil de Ronaldo, Rivaldo et consorts (4-3, dont 2 buts de Nwankwo Kanu dans les arrêts de jeu). Jay-Jay inscrit 2 buts dans la compétition. A Fener', il confirme qu'il appartient à une classe de joueurs à part. Il fait parler la poudre avec la puissance de son pied droit sur coup franc et se mue en redoutable buteur, doublé d'un fin technicien. Adulé par les supporters, il est la star d'une équipe subissant la loi de Galatasaray. 1998, le tournant Lors du Mondial 1998, le Nigeria confirme ses exploits d'Atlanta. Il termine premier de sa poule en battant notamment l'un des épouvantails de la compétition, l'Espagne (3-2). Ce match est marqué par le but fantastique de Sunday Oliseh et par la prestation de haute volée d'Okocha. Le parcours des Super Eagles s'arrête en huitièmes face au Danemark, mais Okocha a fait très forte impression et le nouveau président du PSG, Charles Biétry, est sous le charme. Malgré les réticences des dirigeants de Fenerbahçe, il s'offre le Nigérian pour 15,5 millions d'euros, somme record en D1 à l'époque (ainsi que pour un joueur africain). A 25 ans, Jay-Jay est amené à faire rêver Paris avec sa magie. Son premier match sous les couleurs parisiennes reste dans les mémoires. Au Parc Lescure de Bordeaux, Paris est mené au score quand l'entraîneur Alain Giresse décide de faire entrer en jeu son nouveau n°10. Celui-ci, sur l'un de ses premiers ballons, élimine 2 adversaires avant de déclencher une frappe monumentale des 35 mètres en pleine lucarne d'Ulrich Ramé. Le ton est donné, Jay-Jay est un phénomène et se met d'entrée de jeu les supporters dans la poche. Ses 4 années parisiennes sont marquées par des gestes plus fous les uns que les autres. Lors d'un mémorable PSG-OM de 1999 (2-1 pour Paris) il exécute un passement de jambes de génie sur l'Olympien Patrick Blondeau, maintes fois repris dans les zappings. Par la suite, il signe des buts toujours aussi mémorables, dont un en pleine lucarne alors qu'il est presque au poteau de corner (toujours contre Bordeaux, au Parc des Princes) et encore un autre magnifique contre Lyon. Ces prestations sont néanmoins ternies par le manque de résultats du club et par un physique parfois défaillant. Une retraite discrète Le Super Eagle honore entièrement son contrat qui s'achève en 2002. Il décide alors de quitter le Paris-SG où il laisse une trace indélébile car même s'il n'a pas écrit de réelle ligne à son palmarès et qu'il s'est montré irrégulier, il a enchanté un public friand de beaux gestes. Il laisse son n°10 à Ronaldinho et prend la direction de Bolton, en Angleterre, après l'élimination du Nigeria au premier tour du Mondial 2002. Chez les Wanderers, il retrouve son ancien coéquipier au PSG, Bernard Mendy. Comme à Paris, il séduit les supporters du Reebok Stadium avec sa technique hors du commun. Pendant 4 ans, il évolue avec le club anglais (il porte même le brassard de capitaine) jusqu'en 2006. Cette année-là, il met un terme définitif à sa carrière avec la sélection du Nigeria (il était sorti de sa retraite à 2 reprises déjà) et à sa première expérience anglaise. Désormais âgé de 33 ans, il s'essaye pendant une saison au lucratif championnat qatari avec le Qatar SC avant de tenter une ultime expérience en Division One avec Hull City. Il ne participe cependant pas activement à la montée en Premier League du club en raison d'un physique défaillant. A la fin de la saison, les dirigeants des Tigers ne le reconduisent pas et il met un terme définitif à sa riche carrière. Aujourd'hui, Jay-Jay le magicien s'est reconverti en business-man. Il a fondé sa propre entreprise, la Jay Jay Okocha Group West Africa Ltd, qui marche bien et qui opère dans différentes branches (restauration, équipements, importation de voitures). Avec son sourire éclatant et sa technique digne des plus grands, il laisse un nom respecté dans le monde du ballon rond. Tout juste regrette-t-on de ne pas l'avoir vu dans un club de tout premier plan. Ses exploits pullulent toujours sur la toile. Fiche d'identité Nom et Prénom : Augustine Okocha Situation actuelle : retraité Nationalité : Nigeria Date et lieu de naissance : 14 août 1973 à Enugu Taille : 175 cm Poste : Milieu de terrain offensif Surnom : Jay-Jay Parcours professionnel 1989 - 1991 Enugu Rangers 1991 - 1992 Borussia Neunkirchen 35 (7) 1992 - 1996 Eintracht Francfort 30 (16) 1996 - 1998 Fenerbahçe 63 (30) 1998 - 2002 Paris SG 84 (12) 2002 - 2006 Bolton Wanderers 124 (14) 2006 - 2007 Qatar SC 41 (6) 2007 - 2008 Hull City 18 Sélection(s) en équipe nationale 1993-2006 Nigeria 75 (14) Palmarès Vice-champion de Turquie en 1998 avec Fenerbahçe. Vice-champion de France en 2000 avec le PSG. Finaliste de la Coupe de la Ligue en 2000 avec le PSG. Finaliste de la League Cup en 2004 avec Bolton. Champion olympique en 1996 avec le Nigéria. Vainqueur de la Coupe d'Afrique des Nations en 1994 avec le Nigéria. Finaliste de la Coupe d'Afrique des Nations en 2000 avec le Nigéria.