Des hommes et des femmes, aujourd'hui dans le monde, naissent inégaux en droit face à l'accès à l'eau, et cela est inacceptable, car le droit à l'eau est un élément de la dignité humaine », a déclaré Loïc Fauchon, président du Conseil mondial de l'eau (CME), devant l'assistance présente à l'auditorium Mohamed Seddik Benyahia, de l'université Mentouri, à Constantine. En ajoutant qu'au-delà des discours, les budgets de l'eau et de l'environnement doivent être privilégiés aux dépenses militaires et aux dépenses somptuaires, il estimera, également, « inacceptable que les maladies hydriques aient causé, en 2004, près de 25 000 morts, s'imposant ainsi comme la première cause de mortalité dans le monde. Inacceptable aussi que des centaines de millions d'enfants et de femmes consacrent chaque jour des heures à la quête de l'eau. Inacceptable enfin que trop de régions et de pays, faute de ressources en eau durablement garanties, ne peuvent bénéficier d'une agriculture diversifiée et d'une industrie modernisée ». Tout en démontrant, chiffres et graphes à l'appui, que l'eau captée et utilisée à l'échelle de la planète ne représente que 1% par rapport aux ressources d'eaux douces, Loïc Fauchon mettra un bémol en disant que, « malheureusement, cette eau n'est pas toujours là où il faut et quand il le faut. Là il y en a trop, ici pas assez ou occasionnellement, ou encore sa qualité est déplorable ». Pour étayer ses dires, il citera l'exemple de la Méditerranée et de l'ensemble proche-oriental qui serait, selon lui, le plus frappant de ces disparités. « La disponibilité y varie de 40 l à 400 l/jour/habitant, et cela illustre l'existence d'un triangle de la soif qui va de Gibraltar à la Corne de l'Afrique et jusqu'au Pakistan, où plus d'un milliard d'hommes vivent un stress hydrique qui se mesure dans certaines zones par une pénurie d'eau. » Le conférencier montrera du doigt l'homme lui-même, « le premier ennemi de l'eau, car les activités qu'il développe représentent fréquemment une menace pour l'eau ». A cet égard, il citera le cas de « la pollution marine, qu'elle provienne de la terre ou du transport maritime, des effluents agricoles qui polluent parfois des bassins hydrographiques entiers, des rejets industriels de toutes sortes. Ainsi, le prix à payer est de plus en plus lourd face aux pollutions de toutes sortes qui viennent s'ajouter aux concentrations excessives de populations ». Parlant des conflits locaux, régionaux, voire transfrontaliers qui opposent des Etats pour la maîtrise de l'eau et parfois d'un bassin tout entier, le conférencier prendra pour exemple le cas le plus typique à ses yeux, celui du Proche-Orient. « Avec la Palestine d'abord où le stress hydrique est l'un des plus importants au monde à l'exemple de la Cisjordanie où les Palestiniens, pourtant largement majoritaires, ne disposent que de 10% des droits d'eau et sont dans une totale dépendance à l'égard des Israéliens ». Face à un tel constat, Loïc Fauchon posera plusieurs interrogations : comment la communauté internationale peut se mobiliser ? Quels objectifs peut-elle raisonnablement se fixer ? Quelles mesures prendre, quelles mesures imposer, quelles actions lancer pour améliorer et généraliser l'accès à l'eau ? « A l'occasion du prochain Forum mondial sur l'eau, qui se tiendra à Mexico, dira ce dernier, des réponses seront peut-être apportées, car la vocation de cette rencontre est de faire accepter, tant par les décideurs que par le grand public, que l'eau est un grand sujet de notre siècle, qu'il nécessite une prise de conscience généralisée et que tous les moyens nécessaires doivent être mis en œuvre pour que cessent ces situations d'inégalité et d'insuffisance. »