Un colloque international sur l'aménagement linguistique de tamazight s'est ouvert hier à l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. L'enseignement de tamazight ne cesse de régresser. Sur les 16 wilayas retenues pour cette expérience depuis son introduction dans le système éducatif en 1995, elles ne sont que cinq à l'inscrire dans leurs programmes. Il s'agit de Tizi Ouzou, Béjaia, Bouira, Boumerdès et Oum El Bouaghi. C'est ce qu'a indiqué le professeur Tigziri Noura, directrice du Laboratoire aménagement et enseignement de la langue amazigh de l'université Mouloud Mammeri, en marge du colloque international sur l'aménagement linguistique, qui se tient depuis hier à Tizi Ouzou. Outre le caractère facultatif des cours, les problèmes liés au manque d'enseignants spécialisés, de formateurs, de manuels scolaires et de financements nécessaires pour la promotion de la langue berbère sont les autres facteurs ayant entravé la généralisation de l'enseignement de cette langue.Résultat : 90 % des élèves sont concentrés en Kabylie, comme l'a souligné un intervenant. «Nous ne devons pas mettre tamazight sur le même pied d'égalité que les autres langues enseignées depuis des années en Algérie. Sa promotion nécessite d'énormes moyens», a ajouté Mme Tigziri. S'agissant de la politique de l'aménagement linguistique de tamazight dans notre pays, il a été relevé que malgré les travaux de recherches réalisés dans ce domaine (mémoires de licence et de magisters, thèses), il n'existe pas de politique de l'aménagement linguistique de tamazight ni de groupe de réflexion dans les deux départements de Tizi Ouzou et de Béjaia. Pis «il n'ya même pas de consensus sur les néologies et les terminologies de spécialité utilisées dans les cours en langue amazighe». Aussi, les travaux réalisés dans le domaine académique ou émanant de recherches personnelles d'enseignants, ne sont ni exploités, ni diffusés, par conséquent, inconnus. Pour remédier à ces carences, un projet d'unification terminologique et lexical est en voie d'élaboration, a révélé Mme Tigziri. Ce travail initié par les trois départements de langue et culture amazighes des universités de Tizi Ouzou, Béjaia et Bouira, touchera les domaines linguistique, didactique et littéraire. L'Institut royal de la culture Amazigh (Maroc) sera également sollicité en vue d'unifier la terminologie des quatorze dialectes parlés dans les pays du Maghreb. «La néologie moderne en langue tamazight a connu un grand essor depuis la publication de l'Amawal en 1973, sous la direction de M.Mammeri. Depuis, plusieurs domaines scientifiques (mathématiques, informatique, électronique..) ont été ciblés par des «terminologues» ayant diverses formations. Ces terminologies ont connu diverses fortunes, à savoir un réel usage tant dans l'oral ou dans l'écrit ou carrément un non–usage. Pour cerner l'efficience de ces terminologies, il ya lieu de faire un état des lieux. Ce dernier ne peut être limité à un simple inventaire des diverses publications connues à ce jour, mais plutôt du point de vue de la néologie en tant que discipline», a plaidé Saïd Chemakh docteur en linguistique berbère. Plusieurs universitaires algériens et étrangers (Maroc, Suisse, Espagne) ont pris part à ce colloque consacré notamment au bilan des expériences de l'aménagement de tamazight au Maghreb (Algérie, Maroc) et dans l'émigration (France, Espagne etc..).