Une nouvelle fois, le régime syrien s'en lave les mains et impute cette boucherie à un «gang de terroristes». C'est sur fond d'extrême violence, de tueries et de massacres collectifs dans plusieurs villes syriennes que les tractations politiques concernant l'avenir du régime de Damas ont repris hier au sein du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies. Alors que les Etats-Unis et la France ont appelé une nouvelle fois la Chine et la Russie à «entendre la voix des Arabes» et à changer de position à l'égard de la Syrie, l'opposition à Bachar Al Assad a fait état le même jour de la découverte d'une cinquantaine de femmes et d'enfants poignardés ou égorgés à Homs, haut lieu de la contestation antirégime. L'annonce de cette découverte macabre a été faite alors que la crise en Syrie devait en effet dominer les débats dans une réunion à l'ONU, à New York, entre les chefs de la diplomatie américaine, européenne et russe consacrée au Printemps arabe. Des militants des droits de l'homme – qui mettent directement en cause Damas dans ce crime abominable – ont diffusé des vidéos montrant des images insoutenables d'enfants à la tête ensanglantée et au visage mutilé, ainsi que des corps complètement carbonisés, égorgés ou poignardés dans cette ville reprise voilà plus d'une semaine par l'armée syrienne. «Les corps d'au moins 26 enfants et 21 femmes ont été retrouvés dans les quartiers de Karm Al Zeitoun et Al Adawiyé, dont certains ont été égorgés et d'autres poignardés par les chabbiha, les milices pro-régime qui participent à la répression aux côtés de l'armée», a indiqué à la presse un militant antirégime. «Des enfants ont été frappés à la tête avec des objets tranchants. Une fillette a été mutilée et certaines femmes ont été violées avant d'être tuées», a poursuivi ce membre de la Commission générale de la révolution syrienne. Mettant en garde contre d'autres tueries, il a appelé «à une intervention militaire étrangère (...) et à armer l'Armée syrienne libre (ALS, militaires dissidents)» pour faire face aux forces régulières plus lourdement armées. La presse n'était toutefois pas en mesure de confirmer les informations sur le terrain en raison des restrictions draconiennes imposées aux médias en Syrie. Retrait du «permis de tuer» à Bachar Al Assad Le ministre syrien de l'Information, Adnane Mahmoud, a, de son côté, imputé cette tuerie à des «gangs terroristes» et accusé dans le même temps l'Arabie Saoudite et le Qatar, pays critiques du régime syrien, d'être «complices» de ces groupes leur faisant assumer la responsabilité de l'effusion de sang en Syrie. Adnane Mahmoud a accusé «les gangs terroristes d'avoir perpétré ce massacre atroce pour exploiter le sang syrien et faire pression en vue de susciter des réactions internationales contre la Syrie». Par crainte de nouveaux massacres par les forces du régime, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a fait savoir que des centaines de familles ont fui hier Karm Al Zeitoun et tenté de se réfugier au Liban voisin. Horrifiées par la tournure prise par les événements depuis une année, une cinquantaine de personnalités, anciens dirigeants politiques, prix Nobel de la paix et intellectuels, ont appelé les membres du Conseil de sécurité des Nations unies à s'unir pour retirer au président syrien son «permis de tuer», dans une lettre ouverte publiée hier. Dans le texte diffusé dans le Financial Times et qui paraîtra aujourd'hui dans Le Figaro, ces personnalités de plus de 27 nationalités estiment que «les divisions au sein de la communauté internationale ont donné au gouvernement d'Al Assad un permis de tuer» et demandent que «ce permis lui soit maintenant retiré». Malgré la visite effectuée dimanche à Damas par Kofi Annan, la violence n'a connu aucun répit. La répression de la contestation populaire et les combats entre déserteurs et soldats a fait 150 morts ces dernières 48 heures, selon certaines sources.