C'est pour interpeller l'opinion publique, mais surtout les autorités qui détiennent les rênes de l'économie algérienne, sur «l'urgence d'une nouvelle économie moins dépendante des hydrocarbures», que le Forum des chefs d'entreprises (FCE) a initié, hier à Alger, son symposium placé sous le signe du 50e anniversaire de l'indépendance de notre pays. S'affranchir de la dépendance aux hydrocarbures revêt donc, comme l'affirme Omar Ramdane, président d'honneur du FCE, un caractère de première urgence, car si rien n'est fait en ce sens «d'ici 10 ou 15 ans, il sera trop tard». Mais pour poser les jalons de cette nouvelle économie, le FCE propose d'abord de «s'arrêter un moment pour jeter un regard rétrospectif lucide sur nos réussites et sur nos échecs, et réfléchir à la voie la plus sûre pour poursuivre avec succès le développement de notre pays sans risque de rééditer nos erreurs passées», souligne son président, Réda Hamiani. D'éminents professeurs, dont Mohamed Belmihoub, Abdelmadjid Bouzidi, Hocine Benissad et autres experts de renom, ont eu ainsi à dresser, chacun dans son domaine, des bilans d'évaluation des différentes politiques économiques suivies par l'Algérie depuis son indépendance. Leur constat est catégorique : en dépit des réalisations importantes, «que nous devons en grande partie à nos ressources naturelles», l'économie algérienne, passant par divers cycles de tâtonnements, n'arrive toujours pas à trouver ses repères et à tirer les leçons des échecs précédents. Est-ce pour autant l'impasse ? Les experts le pensent, du moins si le pays ne réussit pas à «transformer son économie dont le fonctionnement est tout entier dépendant de la rente pétrolière en une économie moderne, qui générerait ses propres ressources et s'affranchirait de la rente». L'entreprise au cœur du développement Le FCE croit que «c'est par l'approfondissement des réformes, par la restructuration de l'économie nationale, par la transformation du mode de croissance et l'expansion du secteur privé», que le pays pourra réaliser des progrès décisifs dans cette direction. Il s'agit, aux yeux des initiateurs du symposium, de «mettre l'entreprise, en particulier l'entreprise privée, au centre de la politique économique nationale». Seule l'entreprise «est capable d'apporter la vraie prospérité, celle qui provient de la création de richesses, de la création de valeurs, par l'ingéniosité et le travail», explique encore Réda Hamiani. En tant qu'association regroupant des chefs d'entreprise, le FCE considère qu'une des exigences premières d'efficacité passe par la reconnaissance du rôle éminent de l'entreprise comme source de la création de richesses. Il insiste, à cet effet, sur «la nécessité absolue de placer celle-ci au centre de toute politique économique». L'entreprise privée, «marginalisée et tenue à l'écart de l'initiative dans un grand nombre de secteurs stratégiques ou structurants de l'économie nationale», devra pour l'avenir, «être non seulement réhabilitée et protégée, mais aussi considérée comme le fer de lance d'une économie algérienne moderne, compétitive et harmonieusement insérée dans le système des échanges mondiaux», soutient encore le FCE. C'est le constat que font d'ailleurs les experts dans leur bilan où l'on voit le «retour nostalgique des pouvoirs publics aux politiques du passé», au détriment de l'entreprise privée. C'est ainsi qu'en 2010 et 2011, souligne Dr Hadjseyed, «nous avons assisté à un retour en force de l'Etat entrepreneur par l'affectation de budgets sans précédent aux entreprises publiques économiques pour en faire, nous dit-on, des champions». Une somme de 16 milliards de dollars est annoncée, fait-il rappeler, pour être investie dont plus de six milliards de dollars dans le programme de réhabilitation du seul secteur public marchand industriel, sur une période de 5 ans. Pourtant, «l'expérience passée a montré l'inefficacité de cette politique qui a échoué dans les années 1970», note l'économiste. Il est à noter enfin qu'au terme des débats qui se poursuivront aujourd'hui, le FCE formulera à l'Exécutif 50 propositions et recommandations qui lui semblent de nature à engager rapidement notre pays et notre économie dans une voie salutaire.