La date des législatives approche mais la menace d'abstention – que le gouvernement tente de conjurer par tous les moyens depuis quelques semaines – ne s'éloigne pas pour autant. Après l'annonce du RCD de boycotter les élections du 10 mai, des organisations clandestines, notamment des collectifs de jeunes activant sur la Toile, prennent à leur tour position. Leur organisation est loin d'être comparable à celle d'un parti politique, mais leur appel au boycott peut être tout aussi significatif. Le Mouvement des jeunes indépendants pour le changement (MJIC), un collectif de jeunes né dans le sillage de la contestation sociale qui a marqué l'Algérie en 2011, vient de publier un appel officiel au boycott des prochaines législatives. Mais pas seulement. Ce groupe, présent sur 12 wilayas avec une concentration de plus d'une vingtaine d'activistes sur Alger, annonce une détermination que ses membres disent «sans faille». Pour convaincre le plus grand nombre de jeunes à en faire de même, ils ont opté pour une série d'actions, de rue notamment. Ils ne sont pas les seuls à activer dans ce sens. Plusieurs autres collectifs – Groupe Algérie 2012 boycott législatives algériennes, Réseau de défense des libertés et de la dignité (RDLR), SOS Disparus, entre autres – annoncent la couleur, notamment sur la Toile : à travers des logos et des affiches satiriques, ils appellent les Algériens à bouder les urnes. Mais de l'avis du bureau national du MJIC, le simple boycott ne suffit pas. «Il faut donner un contenu politique à l'acte de boycott», note Abdou Bendjoudi, 27 ans, responsable de la communication du MJIC. La menace de l'ingérence étrangère sans impact «A la veille du 50e anniversaire de son indépendance confisquée, l'Algérie est dans l'impasse», précise le communiqué du MJIC, avant d'appeler tous les citoyens, «les jeunes en particulier», à un boycott massif pour mettre à nu «l'illégitimité chronique» et «le diktat de la mafia politico-financière incarnée par le régime». L'ingérence étrangère, brandie depuis plus d'une année comme un danger destructeur pour la nation, est l'argument-phare du régime pour inviter les contestataires de tout bord à la retenue. Le MJIC a tenu à y répondre : «Le régime en arrive à faire au peuple un chantage des plus bas en agitant l'épouvantail de l'ingérence étrangère si ce dernier ne répond pas à l'appel du vote mais l'actualité internationale nous rappelle avec force que ce sont les régimes totalitaires qui exposent, par leur illégitimité, leurs nations à l'implosion, à l'ingérence étrangère et à la décadence.» Le groupe compte joindre la parole à l'action en organisant, dans les semaines à venir, des manifestations de rue, des rencontres-débats autour du boycott mais aussi plusieurs actions de communication pour convaincre les jeunes…