Le 13 février 1960, la France a fait exploser sa première bombe atomique - trois fois plus puissante que la bombe A lancée sur Hiroshima par les Américains en 1945 - à Hamoudia, à une quarantaine de kilomètres de Reggane, dans le grand Sud algérien. Entre 1960 et 1966, la France a effectué quatre essais atmosphériques et treize essais souterrains, dont un, celui dit du Béryl (nom de code du tir), en mai 1962, à In Ekker, au Hoggar, se termina en grave accident : un nuage radioactif s'échappe de la galerie souterraine et contamine les alentours. 46 ans après, les séquelles des expériences françaises restent aussi vivaces qu'impunies. En France, plusieurs actions en justice sont menées par d'anciens soldats, représentés par l'Association des vétérans des essais nucléaires (AVEN) [www.aven.org], qui s'estiment victimes de ces essais au Sahara et en Polynésie française. La presse française a révélé qu'en 1960 et 1961, l'armée française aurait profité des essais nucléaires dans le Sahara algérien pour organiser des manœuvres en milieu radioactif. « Les appelés cobayes n'ont jamais entendu parler d'indemnisation », a indiqué l'hebdomadaire Le Point en 2002. Certains vétérans ont réussi à faire reconnaître à la justice française « l'exposition au risque nucléaire » comme cause déterminante de leur infirmité. Dans le texte de la plainte contre X déposée le 28 novembre 2003 par l'AVEN et l'association Mururoa e Tatou, on apprend que même le démantèlement des installations de tir a été réalisé de « façon sommaire », le matériel ayant été enfoui. Dans la région du Tan Affla, les tribus éloignées par les militaires français sont revenues avec leurs cheptels sur le site des tirs nucléaires sans qu'ils soient prévenus. En août 2002, a eu lieu, à Hiroshima, au Japon, la conférence internationale sur les essais nucléaires français, qui a regroupé des représentants de l'association Mururoa e Tatou, de l'AVEN, de l'Observatoire des armes nucléaires françaises, et pour la première fois, un représentant des victimes algériennes des essais nucléaires français et un représentant des populations habitant au voisinage de Mururoa. Cette conférence était organisée par l'Association des survivants des bombardements de Hiroshima et Nagasaki. Par ailleurs, le site web de l'AVEN indique que des parlementaires polynésiens viendront à Paris pour présenter le rapport lors d'un colloque à l'Assemblée nationale française, le 21 février 2006. Aucune demande algérienne officielle d'indemnisation n'a été formulée jusqu'à présent.