Un attentat, le troisième en deux jours, a fait hier des victimes à Alep, à la veille de l'envoi en Syrie d'experts mandatés par Kofi Annan pour négocier la mise en place d'une mission d'observation visant à mettre fin aux violences qui ont fait, selon une ONG, plus de 9000 morts en un an. Cette attaque à Alep (nord), la deuxième du genre dans cette ville récemment gagnée par la contestation antirégime entamée il y a un an en Syrie, intervient au lendemain de deux attentats attribués par les autorités à des «terroristes» qui ont fait des dizaines de morts et de blessés à Damas. «L'attentat à la voiture piégée a eu lieu dans le quartier de Souleimanyieh, à Alep près du siège de la sécurité politique» faisant des morts et des blessés, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), tandis que la télévision d'Etat a évoqué une explosion «terroriste» dans ce quartier. Dans la capitale, des dizaines de Syriens se sont rassemblés dans le quartier de Qassaa, en mémoire des victimes tuées la veille, accusant les dirigeants qataris et saoudiens, favorables à l'armement des rebelles, d'être responsables du «sang qui coule» dans le pays. Selon la télévision d'Etat, les funérailles ont débuté hier en début d'après-midi dans une mosquée d Damas. «Nous rejetons la liberté que veulent nous apporter Hamad (Ben Jassem Al Thani, Premier ministre qatari), le Golfe et l'Arabie Saoudite», a déclaré à la télévision d'Etat une habitante de Qassaa où résident de nombreux chrétiens. «Ils ont échoué, car musulmans et chrétiens sont unis», a lancé une autre, qui a accusé les chaînes satellitaires arabes d'inciter à la violence en Syrie. «Nous disons à Hamad que nous avons le moral très haut, Hamad est façonné par les Etats-Unis et Israël», a renchéri un autre habitant. La presse officielle syrienne a lancé de son côté une attaque en règle contre ces deux pays. «Le terrorisme de Hamad et (du roi saoudien Abdallah) Al Saoud n'est pas une première, leur crime de sang, issu de leur rancœur, nous le connaissons déjà (...) nous avons entendu leurs appels et leur incitation», écrit le quotidien officiel As Saoura. «Les Syriens, qui sont morts par la faute des monarchies du pétrole et des émirs de la trahison, ne pardonneront pas. Notre sang qui coule chaque jour contient un message, ce message doit être envoyé dans la bonne direction», prévient le journal. As Saoura a dénoncé ensuite «les repaires, les conseils et les trônes qui font entrer la mort et la destruction dans nos villes et nos maisons», faisant allusion notamment au Conseil national syrien (CNS, opposition) et aux monarchies du Golfe. Sur le terrain, au moins neuf personnes ont été tuées hier dans des opérations militaires qui ont été menées par les troupes de l'armée syrienne dans de nombreuses provinces du pays. L'armée a lancé un assaut avec des chars et des transports de troupes à Jabal Al Zawiya, dans la province d'Idleb (nord-ouest), menant également des perquisitions pour trouver des personnes recherchées, a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) faisant état de trois civils tués dans cet assaut, dont un adolescent de 14 ans. Dans la même région, quatre soldats de l'armée régulière ont péri et 11 autres ont été blessés dans des combats avec des déserteurs de l'Armée syrienne libre (ASL) dans le village de Khirbet Al Jozeh, près de la frontière turque. L'OSDH a en outre fait état d'une manifestation massive dans la localité de Habit, dans la même région, réclamant le départ du président Al Assad. A Damas, lors d'un défilé qui a réuni des centaines de personnes, les forces de sécurité ont frappé Mohammed Sayyed Rassas, un dirigeant du Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND), a ajouté l'OSDH.