L'auteur fait parler les archives de la révolution algérienne, dont il nous livre comme à son habitude quelques bonnes feuilles d'inédits. Plutôt que de céder à la facilité intellectualiste dans laquelle sont tombés de nombreux historiens qui ne se sont penchés que sur la face lumineuse de la médaille de l'histoire occultant volontairement des faits moins glorieux, Abdelhamid Zouzou nous invite dans ce travelling à travers les documents des institutions et les chartes de la révolution algérienne à une analyse critique du mouvement national algérien dans ses différentes composantes. Outil précieux de travail pour les étudiants et les chercheurs qui y trouveront un fonds documentaire riche qui couvre toute la trajectoire du mouvement national algérien, cet ouvrage plonge le lecteur au cœur du débat sur l'histoire de la révolution algérienne avec ce souci constant d'interroger les faits historiques sans juger les hommes qui ont façonné, chacun à sa manière, cette glorieuse révolution. L'intérêt de cet ouvrage, c'est que l'auteur analyse l'histoire avec ce regard à la fois d'historien et d'analyste qui s'évertue à puiser dans le passé les explications et les éclaircissements du présent. L'histoire, le présent et le futur s'entremêlent dans le livre dans une dynamique et une dialectique qui nous permettent de mieux comprendre les enjeux d'aujourd'hui. C'est ainsi que l'auteur nous explique dans son ouvrage que la démocratie en Algérie est une vieille revendication qui remonte au 2e congrès du MTLD, tenu à Alger en avril 1953, définissant les contours de l'Etat démocratique et républicain algérien fondé sur l'égalité et la justice sociale ainsi que l'affirmation de la culture et de la personnalité arabo-musulmane. L'auteur remonte dans son ouvrage aux origines du mouvement national depuis l'Etoile nord-africaine en tentant d'analyser le rôle joué par les différents courants et sensibilités politiques nationalistes dans le processus révolutionnaire, leurs stratégies et tactiques pour échapper à la répression coloniale tout en enracinant le projet nationaliste au sein de l'opinion nationale. Les déchirements qui ont traversé l'histoire du Mouvement national algérien sont également abordés avec objectivité et lucidité dans cet ouvrage. Evoquant le rôle des oulémas et contrairement à une thèse largement répandue, l'auteur estime qu'il est « inexact de considérer les réformistes comme des assimilationnistes et de dire qu'ils n'étaient pas pour l'indépendance de l'Algérie » reconnaissant au mouvement des oulémas le mérite d'avoir déterminé les « composantes de l'identité nationale comme le MTLD a défini l'idéologie de l'Algérie indépendante ». L'auteur passe en revue dans son ouvrage les institutions de la révolution algérienne en s'attardant sur l'avènement du GPRA dont l'idée remonte, explique-t-il, au début de 1956 et aux luttes sourdes qui avaient commencé déjà pour le contrôle de la révolution et l'affirmation des principes de son organisation. Les textes ultérieurs de la révolution principalement le Congrès de la Soummam allaient consacrer ces principes en reconnaissant notamment la primauté de l'intérieur sur l'extérieur et du militaire sur le civil. A ces luttes, s'ajoutaient les pressions extérieures du monde arabe qui s'exerçaient sur la révolution algérienne pour en contrôler le cours et le destin après l'indépendance. L'auteur aborde aussi dans son ouvrage certains faits historiques d'importance tels que la question de l'intégrité territoriale de l'Algérie avec le problème du Sahara en apportant la preuve par l'histoire que cette partie de l'Algérie n'était pas une « terra nullus » comme le soutenaient les thèses colonialistes.Tout comme il s'est intéressé aux conflits territoriaux opposant l'Algérie à ses voisins le Maroc et la Tunisie à l'ombre de la révolution. « La conférence maghrébine de Tanger fin avril 1958 a dissipé et rétabli la confiance et les relations d'amitié », mais le Maroc n'avait pas abdiqué pour autant ni abandonné ses revendications territoriales monnayant son soutien à la cause algérienne en contrepartie de concessions territoriales de la part de l'Algérie. « Dès qu'une rencontre ou négociation s'amorçait entre l'Algérie et la France, elle fut suivie d'un rappel du Maroc au sujet du Sahara », souligne l'auteur. Le professeur Abdelhamid Zouzou a également publié aux mêmes éditions Houma une dizaine d'ouvrages.