Alors que la livraison du port de pêche de Salamandre est encore une fois repoussée à une date à laquelle plus personne ne croit, chez les armateurs et les marins pêcheurs, c'est la rareté du poisson qui défraye la chronique. Chez les propriétaires de sardiniers, ce n'est plus le prix excessif du poisson qui est la priorité, mais sa rareté. Une situation que les associations de marins pêcheurs et d'armateurs n'ont cessé de dénoncer depuis le recours à l'usage des filets pélagiques par les chalutiers. Pour nos interlocuteurs, l'usage de ces filets est à la source de l'ensemble des déséquilibres que connaît la filière depuis plus d'une quinzaine d'années. Ces filets ont la particularité de racler les fonds marins et grâce à leurs mailles ultrafines, ils ne laissent aucune chance aux juvéniles de poissons, de gastéropodes et de crustacés. L'un de nos interlocuteurs nous montre une photo sur laquelle on reconnait des juvéniles, voire des embryons de poulpes, de sèches, de sardine, de sole et de pageot. Ce sont toutes ces espèces qui, une fois ramenées à bord des chalutiers, seraient tout simplement rejetées au large, provoquant ainsi un massacre de cette faune dont le renouvellement est totalement ruiné par cette pratique. Selon un marin pécheur, ces juvéniles seraient rejetées au large à l'aide de pelles, ce qui donne une idée de leur taille embryonnaire mais aussi de leur nombre. Pour nos interlocuteurs, les responsables ce sont la trentaine de chalutiers qui utilise ce type de filet et qui ne laisse aucune chance aux poissons en bas âge. Pour eux, si ces filets ne sont pas retirés des chalutiers, c'est l'avenir de la pêche qui est définitivement obéré.