«Mettre fin au climat raciste». Azzedine Gaci, recteur de la mosquée de Villeurbanne «Cet acte barbare qui a visé la communauté juive de Toulouse nous inquiète et nous interpelle. Ce drame effroyable survient alors que l'on assiste à la libération d'une parole raciste, islamophobe et profondément haineuse vis-à-vis des musulmans de France et dans un climat excessivement violent de la campagne électorale. Nous appelons les différents hommes politiques et surtout les candidats à l'élection présidentielle à faire preuve de retenue dans leurs discours. Les responsables politiques devraient profiter de la forte émotion pour mettre fin au climat raciste et islamophobe croissant dans lequel s'installe la France.»
«IL N'Y A PAS DE SOCIETE QUI SOIT PROTEGEE». Christian Delorme, prêtre du diocèse de Lyon «Il n'existe pas de société, de nation qui soit complètement protégée contre la monstruosité de quelques-uns des siens. Parfois, ce sont même des pans entiers d'un peuple qui basculent dans la barbarie, dans la violence extrême. L'histoire nous oblige à être tous humbles à ce sujet. Et vigilants. Qui est-il ce tueur méthodique très maître de lui-même qui, en quelques jours, a tué sept personnes, dont trois enfants de moins de dix ans ? Ce meurtrier de Maghrébins, de juifs, d'un Antillais ? Nous le saurons un jour. Quelle que soit son identité, elle va jeter la honte, l'opprobre, sur d'autres. On se demandera ce qui a permis cela. De quelle idéologie de haine cet homme a-t-il pu être nourri. On s'interrogera sur des responsabilités autres que la sienne. Le racisme, l'antisémitisme, l'islamophobie et toutes les formes de haine des «autres» constituent des cancers. Ces maux sont tapis dans le cœur de nombre d'individus, mais aussi au creux même de nos idéologies, de nos religions, de nos politiques. A chaque fois que nous concédons à ce qu'un groupe humain différent soit malmené un tant soit peu, à chaque fois nous nourrissons le mal, nous l'entretenons. Oui, ce tueur est un monstre, mais il ne surgit pas de nulle part.» «Un extrémisme alimentera toujours un autre antagoniste». Ghaleb Bencheikh, président de la Conférence mondiale des religions pour la paix, animateur de l'émission Islam sur France 2 «L'assassinat de sang-froid d'enfants, ajouté à la tuerie qui a fauché des personnes innocentes, est toujours un crime abominable qui heurte la conscience humaine. Cette ignominie se drape derrière des motifs idéologiques captieux inacceptables et que rien ne saurait justifier. Outre la sidération et la torpeur laissant place à un temps de recueillement et de prière, c'est l'analyse dans le discernement qui nous intéresse et nous importe, après la condamnation de la barbarie. L'idéologisation de la tradition religieuse islamique depuis des décennies fait des ravages auprès d'une partie de la jeunesse musulmane, désœuvrée notamment. D'un côté, les hiérarques musulmans n'ont pas pu et n'ont pas su résoudre et dépasser cette question épineuse et cruciale du terrorisme de facture religieuse. Le discours incantatoire sur les valeurs de bonté et de miséricorde contenu dans le Coran n'est pas suffisant et ne règle rien. De l'autre, les aventuriers et les haineux se saisissent de ces drames pour fustiger l'islam in globo dans un amalgame terrible, jouant sur les peurs et caressant les bas instincts de l'homme. Ainsi, la défiance et les tensions s'exacerbent-elles entre les communautés. Et un extrémisme alimentera toujours un autre antagoniste. Alors, encore une fois, il faut savoir subsumer la violence en réprouvant le répréhensible, certes, mais aussi en éduquant à la paix et à la résolution des conflits par le droit et la légalité. On y parviendra par la reconnaissance des uns et des autres, avec la volonté de fonder une société humaine, fraternelle et solidaire.»