Les Sénégalais sont appelés une nouvelle fois aujourd'hui à se rendre aux urnes pour départager Abdoulaye Wade et Macky Sall, les deux candidats en lice pour le second tour de l'élection présidentielle. Hier, des appels au calme et à la transparence ont été lancés surtout que la campagne pour ce second tour a donné lieu à des incidents violents entre partisans des deux candidats. Toutefois, il n'y a aucune comparaison à faire avec les violences ayant précédé le premier tour du 26 février qui avaient fait de six à quinze morts et au moins 150 blessés. L'ex-Premier ministre Macky Sall part grand favori à ce scrutin après avoir reçu le soutien de l'ensemble de l'opposition. Cette élection présidentielle pourrait bien ainsi être l'ultime bataille d'Abdoulaye Wade. Une bataille qui sonnera son retrait de la vie politique, d'autant qu'aujourd'hui son âge avoisine les 85 ans. Le président sortant, au pouvoir depuis 2000, est arrivé en tête du premier tour avec 34,81% des voix, suivi de Macky Sall (26,58%). Mais M. Sall, 50 ans, a très vite obtenu le ralliement de tous les autres candidats éliminés qui ont appelé à voter pour lui afin de barrer la route au sortant dont ils ont jugé la candidature «anticonstitutionnelle après deux mandats. Macky Sall a également enregistré le soutien de nombreuses organisations de la société civile, de mouvements de jeunes comme «Y'en a marre», de personnalités telles que le célèbre chanteur populaire Youssou Ndour dont la candidature à la présidentielle avait été rejetée par le Conseil constitutionnel. Sur le papier, si les appels à voter pour lui sont suivis, il peut en effet l'emporter avec environ 60% des voix. Appels au calme et à la vigilance Pour veiller à ce que le scrutin se tienne dans des conditions de sécurité et de transparence, Doudou Ndir, président de la Commission électorale nationale autonome (Céna), a précisé que quelque 18 000 membres de la Céna seront déployés dans tout le pays. Il a en outre invité «les deux camps à s'abstenir de faire une quelconque déclaration prématurée sur les résultats». L'ancien président nigérian, Olusegun Obasanjo, chef de la mission des observateurs de l'Union africaine (UA) et de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), a rencontré tous les acteurs impliqués dans le processus électoral, dont Macky Sall. Selon ses services, il a insisté auprès d'eux «pour qu'ils préservent la tradition et l'héritage démocratiques du Sénégal». Le chef des observateurs de l'Union européenne (UE), Thijs Berman, a appelé de son côté aussi «au respect des règles démocratiques», car «la violence ne sert à rien». Au total, quelque 300 observateurs étrangers, africains et européens, vont surveiller le vote, ce qui n'a pas empêché Macky Sall d'appeler «à la vigilance» par crainte de fraudes organisées par son adversaire qu'il soupçonne de vouloir passer en force. «La défaite du président Wade est inévitable, nous n'accepterons pas qu'il confisque les suffrages des Sénégalais», a-t-il déclaré vendredi au cours de son dernier meeting en banlieue de Dakar, entouré de plusieurs des douze candidats de l'opposition battus au premier tour qui lui ont apporté leur soutien.