Tous les voyants sont au rouge. Le premier trimestre 2012 n'a pas dérogé aux constats précédents concernant le risque de mort sur la route encouru quotidiennement par les usagers. L'accident de l'autocar assurant la liaison entre Hassi Messaoud et Oran, dans la nuit de samedi à dimanche à Guertoufa, dans la wilaya Tiaret, où l'on déplore 21 morts et une trentaine de blessés, est un échantillon des accidents qui surviennent fréquemment sur nos routes. Est-ce une fatalité ? Dans les zones urbaines, le bilan des deux premiers mois indique, selon la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), 2527 accidents ayant causé 2946 blessés et 98 morts. Pour le mois de mars, la DGSN a communiqué, pour les trois premières semaines, 20 décès et 508 blessés dans 536 accidents survenus uniquement dans les zones urbaines dont la sécurisation est supervisées par les services de la police. La Gendarmerie nationale, dans les zones rurales, affiche un bilan pour le moins catastrophique, si l'on se réfère au nombre d'accidents survenus durant les mois de janvier et février 2012. La tendance à la hausse se précise en matière de nombre d'accidents et de décès. La cellule de communication de la Gendarmerie nationale indique qu'en janvier dernier, 274 personnes ont trouvé la mort lors d'un accident de la circulation, soit plus de 12,30%, comparativement à la même période de 2011 et a enregistré 1528 accidents causant également 3056 blessés. Le nombre d'accidents a connu une hausse de 21,60% par rapport à janvier 2011. Selon la même source, 1436 accidents ont été enregistrés en février dernier avec 170 décès et 2476 blessés. Le nombre de décès a connu une baisse (-24%) par rapport au même mois de 2011, le nombre d'accidents et de blessés continue sa tendance haussière (+4,04% d'accidents et + 1,93% de blessés), indique le même bilan, qui ne concerne que les zones dont la sécurisation relève des prérogative de la Gendarmerie nationale. Durant la seule journée du 8 mars, 13 morts et 64 blessés ont été enregistrés. Excès de vitesse, première cause d'accident Tous ces bilans précisent que le facteur humain est derrière ces chiffres effarants. 22,39% des accidents sont causés par l'excès de vitesse, 27,48% par les dépassements dangereux et 54,35% à cause du non-respect de la distance de sécurité. «Il y a de quoi interpeller les autorités sur le respect des textes régissant la circulation routière. Il ne s'agit pas de mettre en place de nouveaux textes, mais d'appliquer ceux qui existent déjà», soutient Mohamed Lazouni, président de l'Association de sécurité routière. «Les textes dans le code de la route sont suffisamment dotés de moyens de lutte contre l'excès de vitesse et autres dépassements causant cette hécatombe, mais les textes d'application font défaut», estime notre interlocuteur, qui s'interroge sur les motivations réelles qui poussent les pouvoirs publics à mettre en vigueur un permis à points alors que des textes de loi sont bloqués par défaut de textes d'application. «Il y a un véritable problème de stratégie. Nos responsables cherchent-ils à réaliser des points juste pour le faire ou pour qu'ils soient efficaces ?», a-t-il ajouté. Tout en plaidant pour une sensibilisation généralisée, M. Lazouni appelle également à plus de rigueur dans l'attribution des autorisations d'exploitation du créneau poids lourds et transport en commun. Dans ce sens, il a relevé que la somnolence est un autre facteur d'accident mortel sur les routes nationales et autoroutes, notamment chez les transporteurs. Les plages horaires de 2h /5h et de 13h/16h sont connues pour l'effet d'«hypo-vigilance» dû au rythme biologique humain, explique encore M. Lazouni.