Un accident aggravé par le brouillard épais qui enveloppait la région, ce matin-là. Mais rien n'explique encore cette plongée dans un ravin de 150 mètres de profondeur, d'où la suspicion d'une erreur humaine. V ingt-quatre heures après le terrible accident qui a valu la mort à 19 passagers et des blessures à 30 autres, dimanche matin au col de Guertoufa, à 4 km à l'ouest de Tiaret, le commandement de la Gendarmerie nationale, probablement sur instruction des hautes autorités du pays, a dépêché sur le lieu du drame une équipe de cinq experts pour enquêter sur les causes ayant engendré une telle hécatombe. Une équipe de gendarmes formés et expérimentés qui devront rendre le plus tôt possible leur rapport et situer ainsi les responsabilités. Au-delà de ce fait, de nombreuses questions restent en suspens au lendemain de ce dramatique accident. Pourquoi en est-on arrivés là ?Quelles sont les raisons d'un tel accident ? Etait-il possible de limiter les dégâts ? Le col de Guertoufa, qui est un tronçon des plus dangereux du réseau routier local, ne devrait-il pas être fermé à la circulation vu sa dangerosité, sa pente et ses avalanches cycliques ? Sans prétendre y répondre, certains ont été unanimes, après le drame, à reconnaître que le contournement nord, qui relie sur 25 km le chef-lieu de wilaya au-delà du territoire de Guertoufa, suffirait largement à atténuer, sinon freiner, ce terrorisme routier qui continue de faucher des vies humaines. Quarante-huit heures après le drame, l'heure est au bilan. Celui-ci, contrairement à ce que rapportent certains médias et organes de presse, n'a pas évolué, heureusement. Au final 19 personnes (dont 3 femmes) sont décédées et 30 autres ont été blessées. Les six dernières victimes en observation aux urgences médico-chirurgicales de l'hôpital Youssef Damerdji sont hors de danger. Trois d'entre elles devaient retrouver hier leurs familles. Des victimes ont été identifiées d'ailleurs au fil des heures. Les corps ont été emportés par leurs proches, après des facilités des administrations hospitalière et judiciaire. Elhadi Belhaouas, le chauffeur de 54 ans qui s'en est sorti avec une fracture grâce à sa ceinture de sécurité, a argué «une chaussée devenue glissante et l'impossibilité de maîtriser le véhicule plein à craquer». Il venait pourtant de prendre le relais d'un de ses collègues, à Laghouat, et fait descendre cinq passagers à Tiaret. Il est vrai que le col de Guertoufa est dangereux pour la circulation, mais le chauffeur a-t-il fait preuve de responsabilité en amorçant la descente, sachant que cet autobus avait pour habitude de relier la capitale de l'Ouest à Hassi Messaoud à longueur d'année ? Un accident aggravé aussi par le brouillard épais qui enveloppait la région, ce matin-là, mais rien n'explique encore cette plongée dans un ravin de 150 mètres de profondeur, d'où la suspicion d'une erreur humaine. Le propriétaire du bus, immatriculé à Oran, dira que «toutes les conditions de voyage étaient remplies» avec «un relais entre trois chauffeurs, des haltes et la souscription d'une assurance tous risques». Les usagers restent, en dépit des explications, otages d'activités lucratives et donc d'intérêts que l'Etat devrait mieux réglementer pour arrêter l'hécatombe sur les routes.