Akher Kalima est, en apparence, une émission de jeu qui marche bien. Avec une fréquence presque quotidienne et diffusée à une heure de grande écoute, elle a réussi à fidéliser un public par son côté instructif et divertissant. Seulement, tout ne semble pas rose dans cette émission qui brasse beaucoup d'argent, notamment sur un plan strictement relationnel où les règles de convenance et même de professionnalisme ne sont pas toujours respectées. Il y a donc un revers de la médaille moins enchantant, et c'est Confidences, le bimensuel « people », qui nous fait découvrir, cette semaine, la face cachée d'« Akher Kalima » avec ce titre révélateur : Candidats à la sauce tunisienne ! Le journal qui est allé voir de plus près ce qui se passe derrière le rideau, nous apprend que les participants algériens qui font le voyage à Tunis pour assurer le succès d'une émission dont la diffusion est exclusivement... algérienne, sont accueillis de façon humiliante. En gros, ils sont traités comme une vulgaire marchandise qu'on trimballe au gré des humeurs dès son arrivée à Tunis et qui est réexpédiée avec le même mépris et la même célérité vers son pays d'origine une fois le boulot terminé. Un candidat raconte qu'il a dû se raser et enfiler chemise, cravate et costume dans un cabinet de toilette. Entre l'aller et le retour Alger-Tunis via le studio, le candidat est soumis à une vive tension qu'il résume par 6 heures de voiture, 1 heure d'avion et 1 heure d'autocar, sans compter les longues heures d'attente avant de passer. « Je me demande quel être humain normalement constitué aurait pu aspirer à concourir dans pareilles conditions et garder le sourire... », dit-il. Confidences va plus loin en laissant sous-entendre que ce ne sont pas toujours les meilleurs et les plus compétents qui gagnent. « Ils ont fait gagner ma concurrente ! », « les candidats lésés n'ont aucun moyen de recours », clament deux jeunes qui visiblement ont été victimes d'une injustice. « Akher Kalima » fait-elle une entorse à la déontologie ? Il semble, selon cette enquête, que le sort de l'émission est scellé à l'avance. L'accusation est grave mais Confidences tient son argumentation à partir de propos tenus pas des personnes au fait des manipulations qui s'exercent pour « désigner » l'heureux élu. Que doit penser de ces petites combines la direction de l'Unique ? Pour l'heure, tant que le sponsor attitré ne change pas d'avis et tant que le promoteur tunisien Nabil Karoui, qui fait la pluie et le beau temps, se débrouille pour assurer le financement de cette émission dévoreuse de grosses sommes, personne ne donne l'impression de vouloir lever le petit doigt au risque de mettre un grain de sable dans une machine bien huilée. Manière de dire qu'« Akher Kalima » reste une aventure au sens le plus juste du terme et que ceux qui s'y risquent dans l'espoir de devenir millionnaire savent à quoi ils s'attendent. Quant aux atteintes au principe de la dignité, le scandale qu'il faut dénoncer en priorité, car c'est de là que partent tous les désagréments, c'est celui de voir un pays comme l'Algérie, avec tous les moyens humains et matériels dont il dispose, rester tributaire d'un petit studio d'enregistrement tunisien pour une banale émission de télévision. Que cache une telle dépendance ? Une chose est sûre : les téléspectateurs algériens n'arrivent pas à comprendre pourquoi aller chercher ailleurs ce qu'on peut réaliser sur place, exposant nos candidats aux pires tracas de la part de nos voisins qui, pour leurs intérêts, s'en f... du fair-play tant que c'est leur argent qui est mis en jeu.