Finalement, le rapport d'enquête de l'ONU sur les conditions de détention dans la base américaine de Guantanamo a été publié, malgré le refus de l'organisation internationale de ne pas en endosser le contenu, prétextant des questions de procédure. Mais son mérite est d'avoir soulevé la question et provoqué de nombreuses réactions comme celle de la Maison- Blanche ou de dirigeants de certains pays considérés comme ses alliés (voir ci-dessous). Quant à la Maison-Blanche, elle a tout simplement rejeté l'idée de fermeture du camp et a estimé que l'ONU « se discréditait » avec un nouveau rapport réclamant une telle fermeture et accusant les Etats-Unis de torture ». Rien n'a changé dans la position américaine quant à une fermeture du camp, a dit à la presse le porte-parole de la Maison-Blanche Scott McClellan. « Les gens qui se trouvent là-bas et dont nous parlons sont de dangereux « terroristes », a-t-il dit, en réaction à ce rapport rédigé par des experts indépendants désignés par la Commission des droits de l'homme de l'ONU. « Je crois que l'ONU se discrédite quand une équipe comme celle-là se précipite pour faire un rapport sans avoir examiné les faits, en retenant seulement des allégations », a-t-il dit. Selon le rapport de l'ONU, « les conditions générales de détention » à Guantanamo, dont la durée de la détention et l'isolement, « équivalent à un traitement inhumain » des prisonniers. Dans certains cas, les traitements infligés aux détenus « s'apparentent » à des tortures. Les experts demandent que le camp soit fermé sans plus tarder et que les Etats-Unis jugent rapidement les prisonniers ou bien les libèrent. L'administration Bush a reproché aux auteurs de s'être fondés sur des déclarations « réchauffées » de la part des détenus et de n'avoir pas accepté de venir se rendre compte sur place alors que les Etats-Unis avaient accordé un « plein accès » au camp au Comité international de la Croix-Rouge. Les inspecteurs de l'ONU avaient renoncé à une mission à Guantanamo quand les Etats-Unis leur avaient refusé de s'entretenir en tête-à-tête avec les détenus. Les militaires chargés du camp « traitent les détenus humainement », a répondu M. McClellan, jeudi. Certains des points contenus dans le rapport de l'ONU, « d'après les informations que j'ai vues, sont un réchauffé d'allégations faites par des avocats pour le compte de certains des détenus », a-t-il dit. « Nous regrettons énormément le fait qu'ils n'aient pas accepté notre proposition de se rendre à Guantanamo », a dit un responsable du département d'Etat sous le couvert de l'anonymat. « Il nous semble étrange que, si leur intention réelle était de parvenir à une compréhension totale des questions soulevées par Guantanamo, ils aient renoncé à l'opportunité de se rendre sur la base », a-t-il ajouté. Selon lui, les prisonniers de Guantanamo sont détenus « en accord avec la loi internationale et ses obligations ». Environ 500 « ennemis combattants » capturés après les attentats du 11 septembre 2001 sont détenus à Guantanamo (Cuba) en dehors de tout cadre légal international. L'administration Bush a, par ailleurs, tenté jeudi de minimiser l'impact de nouvelles photos des sévices commis dans la prison d'Abou Ghraïb en Irak, en disant qu'elles étaient anciennes et que le nécessaire avait été fait pour que de tels abus ne se reproduisent pas. « Les photos qui sont sorties sont les mêmes que celles qui ont été diffusées par le passé », a dit le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld. Le porte-parole à la Maison-Blanche, Scott McClellan, a assuré que l'administration Bush avait « agi rapidement pour que les gens rendent des comptes, pour qu'on les traduise en justice et pour qu'on prenne les mesures afin qu'une chose pareille ne se reproduise pas ». Qu'en serait-il alors sorti si les enquêteurs de l'ONU qui seraient reconnus par elle avaient effectivement accès à toutes les prisons américaines ? Le débat au demeurant engagé déjà aux Etats-Unis ne fait que commencer.