Ce qui caractérise le mieux la politique israélienne à l'égard des Palestiniens, c'est la continuité. Ce principe efface toute divergence idéologique. C'est le cas à propos du principe de séparation d'avec les Palestiniens. Inventé par les travaillistes, il est mis en application par le Likoud ou ses démembrements, et même ses successeurs, dont le parti Kadima créé par Ariel Sharon actuellement dans un état critique. Son intérimaire est là pour assurer la continuité. Le Premier ministre israélien par intérim, Ehud Olmert, a effectivement examiné hier un train de mesures visant à séparer Israël de l'Autorité palestinienne en voie d'être dominée par le Hamas, a indiqué un haut responsable à la présidence du conseil israélien. L'opération avait été lancée du temps où le Hamas était loin des centres du pouvoir, soit il y a au moins trois ans. La précision est extrêmement importante, car elle permet à elle seule de démentir la thèse israélienne. « M. Olmert doit examiner aujourd'hui un train de mesures préparées par le ministère de la Défense qui vise à séparer progressivement Israël de l'Autorité palestinienne dominée par le Hamas », a indiqué ce haut responsable sous couvert d'anonymat. Même si cela prête à rire, tant elle est tout simplement ridicule, cette démarche laisse croire que tout a été fait pour arriver à la situation actuelle. Cela étant, le responsable israélien se prend très au sérieux. « Il est clair, a -t-il dit, que si l'Autorité palestinienne et le Parlement palestinien sont dominés par le Hamas, toute la base légale de nos relations avec les Palestiniens est remise en question. » Selon le quotidien Haaretz, la ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, l'une des têtes pensantes de l'ancien Premier ministre dans sa politique palestinienne, a pour sa part fait valoir que dès l'inauguration du nouveau Parlement palestinien, l'Autorité palestinienne sera considérée par Israël comme « une entité terroriste ». Ce qui implique des conséquences, comme la fin du statu quo, et le retour à la guerre. Le haut responsable israélien a indiqué qu'Israël envisage à partir de demain de limiter ou interdire les mouvements de travailleurs des territoires palestiniens vers Israël, de geler les transferts de fonds prélevés par Israël sous forme de taxes sur des produits transitant par ses ports et dus à l'Autorité palestinienne ou encore de limiter ou interdire les passages de marchandises palestiniennes via le territoire israélien. « Ces sanctions seront appliquées ponctuellement et progressivement en fonction du comportement de l'Autorité palestinienne et des développements du côté palestinien », a encore indiqué ce haut responsable. Il a cependant précisé que l'aide aux Palestiniens pourra continuer d'être versée par le canal des organisations humanitaires. « L'opinion palestinienne a élu le Hamas à la direction de l'Autorité palestinienne et pourra donc démocratiquement lui demander des comptes », a-t-il ironisé. Mais il n'avait pas besoin de le faire, car les Palestiniens sont parfaitement conscients de leur choix. Le Conseil législatif palestinien (CLP - Parlement) inaugure aujourd'hui sa nouvelle session, depuis la victoire du Hamas aux élections législatives du 25 janvier. Et Israël n'a pas trop attendu pour dévoiler sa politique. Quant à la communauté internationale, elle a ignoré les appels du Hamas.