La classe politique israélienne s'est trouvé un centre. Une bien belle trouvaille pour cette élection destinée presque exclusivement à élire un successeur à Ariel Sharon, le Premier ministre sortant, mais sur un lit d'hôpital depuis janvier dernier. A vrai dire, Israël a l'habitude des élections anticipées comme celles d'aujourd'hui dans le but évident d'apparaître dans une éternelle transition, donc sans cabinet suffisamment stable pour prendre les engagements internationaux, surtout à l'égard des Palestiniens. Et l'astuce de Sharon consistait à se débarrasser de ses anciens compagnons et prouver que les partis politiques israéliens ont toujours eu une existence éphémère. Comme le sien qu'il a sabordé pour en créer un autre, Kadima présenté comme le favori de cette élection. Mais Kadima apparaît comme une réponse aux attentes de l'électorat israélien, puisque Sharon et ses successeurs disent aux Israéliens ce qu'ils ont envie d'entendre, et rien de plus. Conséquence logique, tous ses adversaires étaient obligés d'adapter leurs discours, lesquels à la vérité n'avaient rien d'électoraux. A l'image du tout nouveau chef du parti travailliste, Amir Peretz obligé de dévoiler la stratégie de son parti à l'égard des Palestiniens, et en quelque sorte s'astreindre à un devoir. Il a dit tout ce que son prédécesseur à ce poste, Shimon Peres, lequel a rejoint Kadima, s'est tenu de dévoiler. Mais ses actes se suffisaient de tout propos. Le chef travailliste est ainsi parti droit vers ce centre en défendant la colonisation et l'occupation des territoires palestiniens. Une copie conforme du discours des chefs de Kadima. Un mur sur 670 km Ce parti est donné grand favori par tous les sondages avec une fourchette de 34 à 36 mandats sur 120, tandis que le parti travailliste, et le Likoud de Benjamin Netanyahu à droite ne sont crédités respectivement que d'une vingtaine et d'une quinzaine de mandats. De l'avis des experts, le taux de participation constitue une des grandes inconnues.Traditionnellement élevé, il n'a cessé de baisser ces dernières années pour atteindre 68,9% en 2003 contre une moyenne de plus de 78% depuis la création de l'Etat d'Israël. « Un taux faible de moins de 60% devrait favoriser les formations religieuses et d'extrême-droite qui sont très motivées idéologiquement au détriment des grands partis, notamment de Kadima », prévoit un expert israélien. Le fait majeur de cette campagne est que le parti travailliste, au moins lui, a refusé d'aborder les questions sociales comme si c'étaient des causes perdues, malgré la crise économique bien réelle pour aller parler de frontières et dévoiler son extrémisme. C'est pourquoi les Palestiniens sont persuadés qu'Israël a l'intention d'imposer le tracé du mur qui doit s'étendre sur 670 km comme ses « frontières définitives ». Pour le quotidien libéral israélien Haaretz, « les restrictions de circulation imposées aux Palestiniens par Israël ont transformé la Cisjordanie en dizaines d'enclaves séparées les unes des autres ». Israël a créé 50 barrages fixes, 8 mobiles, et bloque 420 routes, sans compter les axes routiers interdits aux Palestiniens. « La séparation unilatérale, c'est l'occupation de luxe. Israël interfère dans tous les aspects de la vie quotidienne des Palestiniens mais en se camouflant derrière le mur », estime Zakaria Al Qaq, vice-président pour les relations extérieures de l'université Al Qods. Cet universitaire est favorable à la dissolution de l'Autorité palestinienne. « Il vaut mieux affronter une franche occupation car Israël sera sous l'oeil de la communauté internationale plutôt que cette autonomie qui permet à Israël d'agir à sa guise en faisant croire que ce sont les Palestiniens qui gèrent leurs propres affaires. » Le Likoud va, à coup sûr, s'enfoncer dans l'isolement, surtout que son chef n'est pas apprécié par l'électorat défavorisé socialement. Mais personne à vrai dire ne se fait la moindre illusion.