Le Likoud, a infligé à son chef Ariel Sharon, Premier ministre israélien, une nouvelle douche froide. Dans un vote mercredi, la convention du Likoud, qui regroupe 3000 membres, a rejeté la proposition de Sharon de faire entrer le parti travailliste au sein de la coalition gouvernementale. Ayant perdu sa majorité parlementaire, depuis que les partis d'extrême droite ont décidé de voter contre son plan de retrait de la bande de Ghaza et de quatre colonies isolées en Cisjordanie, il tente de renforcer sa coalition gouvernementale par la présence du parti de Shimon Peres qui lui garantirait une majorité à la Knesset. Les plus durs du parti, sous la houlette de Uzi Landau, ont réussi a convaincre 58% des votants de désavouer leur Premier ministre et chef du Likoud. C'est la troisième fois qu'il subit un tel affront de la part de ses propres partisans depuis qu'il a entamé son dernier mandat qui prend fin en 2006. Et pourtant dans une tentative de faire face à la ligne dure du parti, à la veille de cette réunion cruciale, il a donné son feu vert pour la construction d'un millier de logements dans différentes colonies de peuplement juif de Cisjordanie occupée. Craignant d'être désavoué par les membres de son parti, comme ce fut le cas en mai où la base a rejeté par référendum son projet de séparation unilatérale d'avec les Palestiniens, il a fait cette annonce qui va en contradiction avec la feuille de route. Ce dernier plan de paix pour la région, élaboré par le Quartette (Etats-Unis, Union européenne, Russie et ONU), stipule en effet l'arrêt de toute activité de colonisation dans les territoires palestiniens. Depuis plus d'un mois, il mène des négociations avec le parti travailliste sur les conditions de sa participation au gouvernement. Le député travailliste, Amram Mitzna, a même suggéré que sa formation rejoigne la majorité sans exiger de portefeuilles ministériels, uniquement pour que cet « objectif suprême » devienne une réalité. Mais devant ce nouvel échec, malgré les déclarations de Sharon qui s'est dit décidé à aller jusqu'au bout et de réaliser le retrait de la bande de Ghaza d'ici à la fin de l'an 2005, l'éventualité des élections anticipées devient de plus en plus forte. Le chef de file du parti travailliste israélien, Shimon Peres, estime que la tenue d'élections législatives anticipées serait la meilleure voie pour le pays dans le contexte politique actuel. « Le parti travailliste, aujourd'hui, est partisan de nouvelles élections et souhaite que ce soit au peuple de décider », a déclaré à la presse l'ancien Premier ministre. Peres devra soumettre une motion de dissolution du Parlement aux 120 députés, actuellement en vacances jusqu'en octobre. Par ailleurs, la détermination de Sharon risque de provoquer une scission au niveau du Likoud, qui sera en faveur du parti travailliste, son principal rival sur la scène politique israélienne. La majorité des dirigeants du Likoud ne reflète ni celle de son propre électorat ni celle de l'opinion publique israélienne très largement favorable à l'abandon de la bande de Ghaza. L'opinion israélienne considère que les pertes subies pour protéger la vingtaine de colonies abritant quelque 8000 juifs au milieu de près d'un million et demi de Palestiniens concentrés sur cette étroite langue de terre jouxtant l'Egypte ne valent pas le coup. De son côté, la scène politique palestinienne est loin d'avoir retrouvé sa stabilité. Après le discours de mercredi, dans lequel le président Yasser Arafat a reconnu devant les membres du Conseil législatif palestinien, réunis à Ramallah, que des erreurs inadmissibles ont été faites par des responsables au sein de l'Autorité palestinienne, il a refusé de signer un texte de loi contre la corruption. « Le président Arafat a refusé de signer », les textes contre la corruption, a déclaré Azmi Chouaibi le membre du CLP, laissant entendre que le Premier ministre palestinien Ahmed Qoreï finirait par démissionner si Yasser Arafat ne changeait pas d'attitude. « Il a estimé que son discours de mercredi suffisait et qu'il n'y avait pas besoin de signature », a relevé Azmi Chouaibi, qui a également annoncé que les députés palestiniens s'étaient mis d'accord pour rencontrer une dernière fois le Président palestinien avant de soumettre un rapport sur la corruption au Parlement la semaine prochaine.