Le cri de victoire du régime syrien, qui doit sa survie à la Russie et à la Chine, s'explique aussi par les divergences qui minent l'opposition. Est-ce la fin de la partie en Syrie ? Pour le régime syrien, le plus dur est en tout cas passé. Du moins, Bachar Al Assad et ses généraux en sont intimement persuadés. Et le plus dur pour les troupes syriennes aura été notamment d'écraser l'insurrection armée née au lendemain du soulèvement populaire du 15 mars 2011 et de reprendre le contrôle du gros des villes «conquises» par l'Armée syrienne libre (ASL). Ce qui, visiblement, est presque chose faite. L'annonce de la victoire sur les «terroristes» et les «vassaux» (l'opposition, ndlr) de l'Occident, de l'Arabie Saoudite et du Qatar a été faite hier par Jihad Makdessi, le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères. La tentative de l'opposition de faire tomber le régime en Syrie a échoué «une fois pour toutes», s'est à ce propos félicité M. Makdessi précisant que l'armée maintiendra sa présence dans les zones résidentielles jusqu'à ce que la sécurité soit totalement rétablie. «La bataille pour faire tomber l'Etat en Syrie est terminée une fois pour toutes et une autre bataille a commencé, celle de la consolidation de la stabilité et la construction de la nouvelle Syrie», a-t-il affirmé dans une déclaration à l'agence officielle Sana. Le cri de victoire du régime syrien – qui doit sa survie à la Russie et à la Chine d'un côté et l'armée et à une partie de la population d'autre part – s'explique aussi par les divergences qui minent l'opposition. Une réunion des «Amis de la Syrie» doit avoir lieu aujourd'hui à Istanbul. Plus de 70 pays tenteront ainsi d'«accroître la pression» sur Bachar Al Assad et son régime. Mais les perspectives d'avancées restent limitées en raison justement des désaccords au sein de l'opposition syrienne et entre les pays arabes ou occidentaux. Des désaccords dont a assez bien rendu compte le sommet arabe qui vient de se tenir à Bagdad. Damas impose désormais son rythme Quid maintenant du plan de paix sponsorisé par l'ONU et la Ligue arabe ? La Syrie semble là aussi vouloir l'appliquer… mais à son rythme. La preuve : en réponse aux appels incessants de Kofi Annan qui exige de la Syrie l'arrêt de ses opérations contre l'opposition et le retrait de ses forces des villes, le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères a rétorqué : «L'armée syrienne ne fait que se défendre et protéger les citoyens qui sont pris en otage la plupart du temps. Elle ne quittera les lieux qu'après le rétablissement de la sécurité et de la paix civile.» Mais pour éviter de donner l'impression de vouloir défier la communauté internationale, Damas a accepté une demande de l'ONU d'accueillir une équipe d'experts pour étudier les conditions de déploiement d'une éventuelle mission d'observateurs. «Concernant le plan (de l'émissaire international Kofi) Annan, la principale prochaine étape sera la signature du protocole traitant la question des observateurs en vue de parvenir à une accalmie en Syrie», a encore fait savoir Jihad Makdessi. «La Syrie accueillera prochainement une délégation ad hoc (de l'ONU) pour en négocier le mécanisme d'application», a-t-il ajouté, sans préciser de dates. Les Nations unies envisagent, précise-t-on, de déployer une mission d'observateurs forte de 250 hommes pour surveiller un éventuel cessez-le-feu en Syrie. Les 250 observateurs envisagés ne seraient pas armés et seraient protégés par les forces syriennes. Ils seraient prélevés sur les contingents de missions de maintien de la paix existantes comme la Force des Nations unies au Liban (Finul), la Force des Nations unies chargée d'observer le dégagement sur le plateau du Golan (FNUOD) ou la mission de l'ONU au Soudan du Sud. Il s'agit pour l'instant de dresser des plans préliminaires dans le cas où M. Annan obtiendrait un accord du régime syrien et de l'opposition armée permettant un cessez-le-feu. Pour ce faire, l'ONU a demandé l'autorisation à Damas d'envoyer une équipe d'experts du département des opérations de maintien de la paix afin d'étudier sur place les conditions de ce déploiement. Damas a, rappelle-t-on, accepté la semaine dernière le plan proposé par M. Annan qui préconise notamment la cessation de toute forme de violence armée par toutes les parties sous supervision de l'ONU, tout en liant son succès à l'arrêt des violences commises selon le régime par les «groupes terroristes», en référence aux rebelles.