Les habitants de certaines localités refusent l'implantation de cet ouvrage près de leurs demeures et de leurs champs. Le projet d'un centre intercommunal d'enfouissement technique (CET) de la région de Collo continue de se «trimbaler» d'une zone à une autre et d'attiser la colère des habitants qui le déclarent indésirable dans leurs localités respectives. Programmé pour traiter les déchets des communes de Collo, Béni Zid et Chraïa, il tarde à voir le jour à cause de ce rejet collectif. Initialement prévu à Yezzar, dans la commune de Chraïa, il est vite «boudé» par les habitants qui avaient dénoncé, en 2007 déjà, son implantation près de leurs demeures et de leurs champs. Devant cette attitude de fait accompli, le projet est alors délocalisé vers Loubir, dans la même commune. Là aussi, les résidants n'ont pas tardé à signifier leur refus de le voir installer chez eux. Dimanche dernier, ils ont d'ailleurs infesté le terrain devant servir d'assiette à la structure pour empêcher l'entame des travaux de terrassement et menacer même les conducteurs d'engins. «On ne veut pas des déchets des autres», ont entonné les protestataires de Loubir qui semblent opter pour la même stratégie de refus que leurs concitoyens de Yezzar. Dans leurs argumentations, ils avancent que l'implantation de cette «décharge» risque de constituer un danger certain pour la santé publique et la vocation agricole de la région. «Notre agglomération n'a pas à servir de solution facile pour se débarrasser des déchets de la ville de Collo qui gisent à ciel ouvert à la décharge de Boumhajer. On veut réaliser le CET sur un site choisi à moins de 300 m seulement d'une usine de liège, une unité de lait et un groupement rural de 50 logements. Nous sommes plusieurs dizaines de familles qui entendons défendre la santé de nos enfants», déclare un représentant des frondeurs de Loubir. Côté élus, un seul membre a accepté de commenter le sujet en exigeant l'anonymat. Il précise: «Tout ce que je peux vous dire c'est que l'APC a bel et bien refusé officiellement le choix de ce terrain proposé par l'administration en 2008. L'écrit est enregistré et archivé. Nous avons clairement émis des réserves à la commission déléguée à l'époque à cet effet en souhaitant qu'un autre site soit choisi pour éviter tout amalgame.» Pour sa part, le chef de la daïra de Collo estime que la réalisation de ce CET est une solution garante de la préservation de la santé publique et de l'environnement. Il nous déclare à ce sujet: «Il faut d'abord comprendre que le projet a été retenu pour solutionner beaucoup de problèmes dont souffrent plus de 50 000 âmes. Il ne faudrait pas l'intervertir en un faux problème. Si les habitants de Loubir, de Yezzar et d'autres agglomérations s'y opposent on ne pourra jamais régler les contraintes des dépotoirs qui enlaidissent le paysage. On ne pourra pas mettre fin aux nuisances de la décharge de Boumhajer qui minent le quotidien d'une partie des gens.» Au sujet des arguments avancés par les uns et les autres, le chef de daïra dira: «Le projet a été précédé d'une étude d'impact qui a pris en considération toutes les données relatives à l'environnement et à la santé publique. On ne décide pas d'implanter un CET à la légère et l'étude préparée a tenu compte de la direction des vents et d'autres vecteurs propres à ce genre d'ouvrage.» Pour le devenir du projet, il ajoutera: «Le dialogue est instauré en permanence avec les habitants de Loubir pour lesquels nous restons disposés à donner toutes les garanties en espérant trouver une solution finale pour que cette région puisse bénéficier d'un projet qu'elle attend depuis des années.»